C’est l’histoire d’un protocole d’échange de fichiers MP3 promis à un bel avenir. On disait de Gnutella qu’il remplacerait Napster si Napster venait à disparaître. Car le successeur présente un avantage sur son aîné : ses serveurs sont décentralisés, c’est-à-dire que chaque ordinateur connecté au réseau Gnutella constitue un serveur à part entière. Ce qui signifie que si l’industrie discographique voulait l’attaquer en justice, elle ne pourrait pas viser une entreprise, mais devrait s’en prendre à des milliers d’internautes. Encore que cet argument puisse être contesté (Lire Et si Napster n’avit aucun successeur).
Austère et saturé
Mais voilà que le petit prodige n’apparaît pas si miraculeux que ça. Selon le magazine en ligne Wired, les Gnutelliens eux-mêmes sont très mécontents du protocole, qui serait inachevé, mal dégauchi et plein de lacunes. Or, procès Napster oblige, le public commence à affluer sur le programme. Et certains se mettent à penser que Gnutella n’est viable qu’à petite échelle, car plus il y a d’internautes connectés, plus le réseau est lent : "Si vous trouvez ce que vous cherchez, c’est que vous êtes vernis", résume un développeur, évoquant les risques d’engorgement du réseau et des bombardements publicitaires.
De plus, l’interface de Gnutella est loin d’être aussi attractive que celle de Napster. Tout est austère, peu pratique et l’on doute fort que 5 millions de Napstériens y trouvent leur compte si jamais ils devaient l’utiliser. Les développeurs pourraient sans nul doute remédier à tout cela. Mais, souligne Wired, des guerres de chapelles les divisent et minent toutes velléités de travailler ensemble. Bref, il faudra peut-être que les internautes comptent sur un autre logiciel s’ils veulent remplacer Napster.