Ancien peintre devenu jardinier, George Gessert présente ses plantes issues de techniques pointues d’hybridation végétale lors de l’exposition Art biotech à Nantes.
Une des plantes hybrides de George Gessert (DR)
"Je travaille avec des pincettes, c’est très low-tech vous savez", s’amuse George Gessert. Le peintre américain apporte une touche résolument végétale à l’exposition qui se tient au Lieu Unique jusqu’au 4 mai 2003. Il a d’abord choisi de montrer des photographies de streptocarpus qu’il a obtenus par hybridations multiples. "Certaines de ces plantes ont été utilisées comme simples reproducteurs avant d’être éliminées, d’autres ont été conservées, commente George Gessert. Généralement, mes choix ont davantage été dictés par le contour des pétales que par leur couleur."
Pour une autre série de photographies, George Gessert a choisi des iris, comme lors de sa première exposition, en 1985 : Une autre série de photographies. "Je les ai obtenus par croisements successifs. J’ai ainsi créé et baptisé une douzaine de variétés, officiellement enregistrées aux Etats-Unis." L’une d’elles porte le nom de Galapagos. Une autre celui d’Eduardo Kac, un artiste américain qui expose lui aussi au Lieu Unique, à deux pas de George Gessert.
Enfin, l’artiste a disposé au sol quelques dizaines de Coleus d’Indonésie en pots, en une scène intitulée "évolution". "Ces plantes d’apparence anodine représentent des siècles de choix humains. Elles sont petites, grandes, jolies, esthétiques, étranges ou mourantes. J’y vois une image de notre monde : des variations."
La beauté cachée des laids se voit sans délai
"Ni prêtre, ni policier", Gessert s’interroge sur la sélection végétale, miroir d’une société tentée de trier le vivant. Dans une sorte de "darwinisme inversé", les goûts personnels de ce sympathique jardinier aux allures de jeune papy conduisent à la sélection de variétés inesthétiques ou difformes, loin des effets de mode.
En plaçant la biodiversité et la sélection à l’échelle individuelle, Gessert veut poser la question centrale de la responsabilité humaine : "Un des grands dilemmes de l’humanité est que nous ne mesurons pas l’étendue de notre pouvoir. Nous inventons comme nous respirons, mais ne savons pas où nos inventions vont nous mener", rappelle-t-il dans sa présentation de l’exposition de Nantes.
Quels que soient les choix esthétiques de l’artiste, la réflexion ne varie pas et conduit le visiteur sur le terrain mouvant de l’eugénisme. "Les plantes ne sont pas conscientes et ne souffrent pas, aussi la manipulation génétique végétale convient-elle aux expériences extrêmes et à certaines formes d’expression qui seraient répugnantes avec des animaux." Ou des hommes.
Le site de l’exposition Art Biotech (Lieu Unique):
http://www.lelieuunique.com/SAISON/...
La fiche de présentation de George Gessert à Art Biotech:
http://www.lelieuunique.com/SAISON/...
A Nantes, les artistes se jouent des biotechnologies (Transfert.net):
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Dossier Art biotech (Transfert.net):
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