Les financiers vont-ils tuer l’économie Internet ? Honnêtement, on peut se le demander.
Tous les acteurs de l’Internet qui étaient actifs avant 1999 affirment la même chose : "avant la folie financière, nous étions obligés d’être raisonnables, de concevoir des entreprises viables rapidement. L’afflux massif d’argent, pour tout et souvent n’importe quoi, a forcé tout le monde à entrer dans une surenchère idiote d’investissements, notamment promotionnels ". "J’ai compris que cela n’avait plus de sens quand j’ai vu les premières affiches 4X3 pour des sites Web, alors que seulement 10% de la population utilisait l’Internet", dit par exemple Rafi Haladjian, fondateur de Francenet (devenu Fluxus). Pendant un an, les financiers ont versé des fortunes (le summum étant atteint avec le rachat d’iFrance par Vivendi, pour plus d’un milliard...) sans réelle stratégie. Depuis un an, ils ont peur de donner cent francs...
Nous assistons à des situations parfaitement idiotes : des entreprises ayant développé de très belles technologies, avec des clients sérieux, mais ayant, logiquement, besoin d’investissements complémentaires (comme toutes les sociétés de technologie, même avant le boom Internet), ne trouvent plus rien. Pas un franc. Et vont doucement vers la casse, où elles seront rachetées au prix de la ferraille par leurs concurrents... Il y a deux ans, elles auraient trouvé cent millions en claquant des doigts. Si elles ne l’ont pas fait, c’est souvent par trop de sagesse : elles n’en avaient pas besoin à l’époque, et avaient prévu des tours de financement liés à des étapes de développement. Sans prévoir que la bulle Internet allait épuiser les ressources.
Tous les jours, nous voyons de telles entreprises fermer. Et nous croisons des investisseurs pouvant vous expliquer leur désintérêt avec un rationnel équivalent à celui qui, il y a un an, leur faisait lâcher des centaines de millions pour n’importe quoi. Du gâchis.