À en croire les banques, le taux de fraude à la CB n’aurait fait que chuter depuis l’apparition d’Internet. Les 175 banques membres du Groupement Cartes Bancaires manquent en tout cas cruellement de transparence dans leur comptage.
Le moins que l’on puisse dire, quand on a à faire au GIE (groupement d’intérêt économique) Cartes Bancaires, c’est que la transparence n’est pas son fort. L’option retenue est la sécurité par l’obscurité. En clair, moins on en sait, moins les risques de fraude sont importants. Pourtant, l’expérience a prouvé depuis longtemps que cette méthode ne porte pas de fruits et qu’il vaut mieux soumettre ses travaux à l’appréciation de ses pairs…
Qu’il s’agisse de la façon avec laquelle le GIE a traité Serge Humpich ou encore de celle avec laquelle il traite le taux de fraudes, le GIE ne semble pas tenté par l’option "transparence". Tandis que les médias n’ont de cesse de titrer sur le boom de la fraude en matière de cartes bancaires, le GIE, lui, affiche le plus sérieusement du monde sur son site web une animation Flash indiquant une baisse constante du taux de fraude depuis 1987 (0,27 % du total des paiements par CB) jusqu’à 1999 (0,02 %). À les en croire, le taux de fraude n’aurait fait que baisser depuis l’arrivée d’Internet…
Un montant des fraudes à multiplier par 5 ?
Ce chiffre de 0,02 % fut qualifié de "tromperie" par deux députés socialistes, qui accusèrent le GIE d’avoir commis "une faute très grave et inexcusable" lorsqu’il fit annoncer, le 4 avril 2000, ce "taux de fraude sciemment sous-estimé" par Marylise Lebranchu, alors secrétaire d’...tat à la Consommation. De même, alors que le GIE parle de 270 millions de francs de fraude en l’an 2000, l’Association française des usagers de banque avance, quant à elle, dans le magazine 60 millions de consommateurs, le chiffre de 1,4 à 1,6 milliard de francs, soit cinq fois plus ! En effet, le GIE ne prend pas en compte les fraudes non déclarées par leurs victimes. Or, tout le monde ne vérifie pas ses relevés bancaires et d’autres, notamment les sociétés, ne portent pas plainte lorsque les montants sont peu élevés. Le GIE n’en reconnaît pas moins une progression de 40 % des fraudes en l’an 2000, principalement dû au fait que les opérateurs téléphoniques ont longtemps accepté, sans autre forme de vérification, de recharger les portables sur simple indication d’un numéro de carte bancaire. ...galement visé : le taux de fraude à l’étranger, où l’on n’utilise pas le système de carte à puces si cher au GIE.
Extension du domaine de la fraude
On trouve également, au banc des accusés, l’utilisation de ce fameux numéro à 16 chiffres, encore trop souvent inscrit sur les facturettes et utilisé pour les fraudes dans les opérations de vente à distance, particulièrement sur Internet. Parmi les escroqueries les plus courantes : la "white plastic", qui consiste à recopier la bande magnétique des cartes bancaires, ou la "fraude au collet", qui consiste à bloquer, puis à récupérer, la carte d’un client dans un distributeur automatique. Le site de Laurent Pelé, consacré à l’affaire Humpich et au "cartel" du GIE cartes bancaires, recense ainsi pas moins de 66 failles dans le système censé sécuriser nos achats et retraits d’argent. De son côté, 60 millions de consommateurs révèle, dans son édition du mois de février 2001, que la méthode appliquée par Serge Humpich pour cloner une CB était également utilisée par un réseau d’escrocs. De leur côté, les banques membres du GIE font payer aux commerçants en ligne le montant des escroqueries dont ces derniers ont été victimes. Même pas mal, qu’on vous dit !