L’ex-PDG du spécialiste de la reconnaissance vocale a été arrêté samedi 26 mai, aux Etats-Unis, pour fraude comptable et délit d’initié. La justice belge attend son extradition.
Samedi 26 mai, des policiers américains ont arrêté l’ancien dirigeant de Lernout & Hauspie, Gaston Bastiaens, à proximité de son domicile du Massachusetts. Cette interpellation fait suite à un mandat d’arrêt émis par la justice belge. Celle-ci reproche à Gaston Bastiaens, démissionnaire depuis août 2000, d’avoir falsifié les comptes de sa société, d’avoir manipulé son cours de Bourse et de s’être rendu coupable de délit d’initié. L’ex-PDG devrait être entendu par les autorités américaines mardi 29 mai, avant que ne soit engagée une procédure d’extradition. Contactée par Transfert, l’actuelle direction de Lernout & Hauspie n’a pas souhaité commenter cette arrestation.
45 % de ventes fictives
Le spécialiste de la reconnaissance vocale se trouve au cœur d’un scandale financier, découvert durant l’été 2000. Il était alors apparu que Lernout & Hauspie avait délibérément gonflé ses chiffres de vente, dopant ainsi son cours de Bourse. Gaston Bastiaens aurait pris part activement à ces manipulations pour en tirer un bénéfice financier personnel en revendant des actions de la société qu’il détenait. Selon les dernières estimations, 45 % des ventes annoncées entre 1998 et le milieu de l’année 2000 seraient fictives. Le montant atteindrait 373 millions de dollars, soit 2,8 milliards de francs ! Financièrement sinistrée (4,8 milliards de francs de dettes), la société a été contrainte au dépôt de bilan en novembre 2000. Fin avril, la nouvelle équipe dirigeante avait annoncé son intention de céder la plupart des actifs de Lernout & Hauspie.
Liquidation forcée
Mardi 22 mai, le nouveau PDG, Philippe Bodson, a précisé ses projets. Comme prévu, il envisage la vente de toutes les filiales pour rembourser les dettes, soit par management buy out (rachat par les dirigeants de la filiale avec l’appui d’un groupe financier), soit auprès d’un industriel. Les dirigeants envisagent même de se séparer de la technologie clé de reconnaissance vocale de la société. Soit en constituant une nouvelle entreprise autour de cette technologie. Soit en plaçant cette dernière sur la liste des actifs susceptibles d’être vendus.