Un jeu d’échecs géant dans les rues de Manhattan, une visite guidée des caméras de surveillance de Chelsea, la quête d’un livre fantôme caché dans quelques librairies de la Grosse Pomme... le premier festival "Psy-Geo-Conflux" qui se tiendra à New York du 8 au 11 mai entend montrer la ville sous un jour poétique et inattendu.
Organisé par deux artistes new yorkais, l’événement est entièrement consacré à la " psycho-géographie ". C’est-à-dire à "l’étude des effets du milieu géographique sur les émotions et les comportements des individus". Une étude qui n’a rien de scientifique et se veut avant tout subjective et ludique, quand elle n’est pas carrément délirante.
"Il s’agit d’explorer le paysage urbain de nouvelles façons, explique David Mandl, l’un des deux organisateurs. De rompre avec la routine et de porter un nouveau regard sur ce qui nous entoure. Les artistes participant au festival utilisent tous la ville comme matière brute de leur oeuvre."
Echiquier humain
Inventé dans les années 1950 par le mouvement politico-artistique des situationnistes, le terme de "psycho-géographie" a été remis au goût du jour par des créateurs contemporains européens et américains. Beaucoup de ces artistes s’appuient sur les nouvelles technologies.
Le dimanche 11 mai, dans le cadre de Psy-Geo-Conflux, trente-deux "pièces humaines" du jeu d’échec géant recevront par téléphone portable l’ordre d’avancer ou de reculer sur un échiquier grandeur nature, dont les cases seront délimitées par le quadrillage perpendiculaire des rues du Lower East Side.
Les situationnistes aimaient parcourir une ville complètement au hasard - dériver dans Paris en suivant un plan de Londres - en notant leurs impressions. Les "psycho-géographes" du XXIe siècle pourront se laisser guider par les algorithmes d’un répondeur automatique.
Appuyez sur 3 pour modifier l’algorithme
En appelant de leur portable, ils seront conviés à cheminer dans telle ou telle direction, à "s’interroger sur leur relation avec l’environnement qui les entoure". Au fil de la promenade, les instructions du répondeur deviennent déroutantes : "Appuyer sur 2 si vous vous trouvez à côté d’un bureau de tabac français, sur 3 si vous souhaitez modifier cet algorithme"
En tout, une vingtaine d’activités -(performances, projections vidéos, promenades, exposition) seront proposées gratuitement à toute personne intéressée, "psycho-géographe" ou simple curieux.
Malgré leurs moyens limités (environ 450 $ de subventions d’une galerie et de l’Etat de New York et surtout d’innombrables heures de bénévolat) les deux organisateurs espèrent accueillir plusieurs centaines de participants. Et faire de leur festival un rendez-vous annuel.