Peut-on être jeune, RPR et rêver de succéder aux caciques ? Oui, répond l’association Génération Terrain qui se transforme en "talent scout" pour recruter à droite, par Internet.
Prenez un aquarium dans lequel vous aurez versé quelques espèces sélectionnées. Exposez-le à la vue de tous. Alignez des pêcheurs autour et... régalez-vous. Sur le mode de cette ancienne pratique qui a fait ses preuves, un groupe de déçus de la vieille politique va proposer aux partis de droite, dès la rentrée de septembre, de trouver ainsi des candidats qui pourront concourir à leur relève. Ils s’appellent "Génération Terrain". Sous-titre de leur association, créée au mois de juillet : "Chasseurs de nouveaux talents politiques". Outil de prédilection : Internet, avec un site, une charte, et bientôt des portraits en ligne des candidats sélectionnés. Et ensuite ? À vot’bon cœur m’sieurs-dames des partis de droite...
Vieux requins
"Je préfère ça à l’Assemblée nationale et à ses vieux requins !", assume Pierre Vallet, 32 ans, dont quatre au RPR où il s’occupait du journal de la fédération des jeunes de Paris. L’un des (encore) rares syndiqués (CFDT) du secteur des nouvelles technos, d’abord chez Spray, aujourd’hui chez Lycos. Candidat malheureux aux dernières élections à Paris, sur la liste Séguin du IIe arrondissement, il préside aux destinées de l’association fondée avec quelques amis rencontrés dans les eaux RPR. Se défend de faire de l’élevage de jeunes talents à destination de son ancien parti : "On veut faire bouger la droite, c’est tout." Tire à vue sur le comportement du RPR qui exaltait, après les municipales de mars 2000, cette "génération terrain issue du terrain [qui] a vu le jour en province" (Jean-François Copé, maire RPR de Meaux, Seine-et-Marne, après le recul de la gauche dans les régions). Tant de saluts pour quoi ? Zéro reconnaissance : "Les mouvements en cours pour les investitures aux législatives ne montrent rien de nouveau : si t’as ni relations, ni pognon, t’es pas pris, c’est tout. Si t’es pas blanc, que t’as pas 50 ans, que t’es pas candidat sortant : non plus !"
Candidats à rien
Résumons un peu : c’est donc l’histoire de jeunes RPR ou assimilés qui ont ouvert la boîte à gifles devant le nez et la barbe de leur vieille famille. Ils ne veulent pas sa mort, juste lui faire honte. Pour ce faire, ils ont recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. On suit là-bas, au fond ? Ben, c’est-à-dire... Ah oui, on oubliait : "Nous, on n’est candidats à rien", dit Aymeric Vincent, 27 ans dont 9 au RPR (toujours militant), employé à la direction des relations humaines d’une entreprise. C’est le webmestre du site de "Génération etc."... Il y enregistre pour l’instant une quarantaine de passages par jour, "sans publicité", sauf trois malheureux communiqués envoyés à une mailing-list composée d’élus et de militants amis.
Jusqu’à présent, 21 personnes ont contacté l’incubateur à candidats pour concourir à la relève républicaine. L’association en a rencontré six, "dont une fille en DESS à Dauphine et une mère célibataire serveuse", égrène le président, histoire d’exposer le champ des possibilités. La fine équipe espère en faire émerger dix : "S’ils étaient pris comme suppléants ce serait formidable." En septembre, ces "profils de gens qui ont un vécu" (sic) seront à l’affiche du site. Reste à savoir si un parti viendra les pêcher.