En prenant le contrôle de Club-Internet, T-Online, filiale de Deutsche Telekom et premier fournisseur d’accès à Internet en Allemagne, étend son réseau. Et peut, une nouvelle fois, s’attaquer à France Télécom.
Les
fusions continuent. Cette fois, cest au tour
de Club Internet et de
T-Online,
la filiale de Deutsche Telekom, lopérateur
allemand de téléphonie, de sallier.
Sur lestrade, à Paris et à Bonn,
les deux partenaires semblaient dun poids égal.
Dans les faits, cela ressemble davantage à
un rachat par échange dactions, compte
tenu de leurs tailles totalement différentes
: à droite, Club-Internet, 320 000 abonnés
payants aux services Internet ; à gauche, T-Online,
4,2 millions dabonnés payants
La
disparité est telle, que le Français,
qui revendique la place de numéro 2 national
(place contestée, mais personne n’a les vrais
chiffres du marché), se retrouve, après
léchange, avec seulement 6,5 % des actions
de T-Online
Même avec si peu de parts,
cela fait de
Lagardère le deuxième actionnaire
de T-Online.
Partage des tâches
Pour expliquer lopération, la famille
Lagardère, propriétaire de Club-Internet,
sétait partagé la tâche.
Le père, Jean-Luc, était à Bonn,
avec Ron Summer, président de Deutsche Telekom,
lactionnaire majoritaire de T-Online. Le fils,
Arnaud, était à Paris avec Wolfgang
Keuntjie, le Chief Executive Officer de T-Online.
Fabrice Sergent, le directeur général
de Grolier Interactive et créateur de Club-Internet,
était en Allemagne avec Jean-Luc Lagardère,
qui nest pas véritablement un expert
des réseaux numériques
Résumé
des déclarations : "On est très
contents davoir gagné, cest une
superbe alliance, lavenir est à nous".
Plus en détail, cela donne une langue de bois
de qualité dans laquelle surnage quelques informations
ou convictions : "T-Online est aujourdhui
bénéficiaire" (Wolfgang Keuntjie),
"Quelle importance la position de Club-Internet
sur le marché français, avec T-Online,
cest désormais le leader européen"
(WK), "Nous souhaitions nous désengager
du providing, qui nest pas notre métier
et demande de lourds investissements, pour nous concentrer
sur le contenu et léditorial. Voilà
qui est fait." (Arnaud Lagardère).
Fin de la concurrence frontale avec Vivendi
Le fils Lagardère a de quoi être content.
Il soulage son groupe dune société
qui, même si elle pouvait espérer à
terme une belle valorisation, pesait toutefois assez
lourd en termes dinvestissements (environ 600
MF sur cinq ans, pour linstant). Il récupère
du même coup 6,5 % des actions dune société
qui doit entrer en bourse en avril prochain. Il règle
aussi un petit problème de concurrence frontale
avec son allié sur Canal Satellite, Vivendi,
propriétaire à 51 % dAOL France.
Financièrement, cest un beau coup, tactiquement,
cest bien joué. De son côté,
Deutsche Telekom, via T-Online, entre en force sur
le marché français pour un coût
négligeable (pas de cash). Car même si
les Français resteront les maîtres duvre
opérationnels sur le portail Club-Internet
pour un délai de trois ans, renouvelable, le
message ne prête pas à confusion : T-Online
a racheté le fournisseur daccès
français. En outre, lAllemand a racheté
récemment lopérateur de télécommunications
Siris, propriétaire du préfixe "2",
avec lequel Club-Internet réalisera des synergies,
daprès T-Online. On peut imaginer, par
exemple, que Siris proposera des tarifs de communication
préférentiels à Club-Internet.
Prochaine étape : sattaquer à
France Télécom, le leader du marché
national avec Wanadoo, et lun des concurrents
principaux de Deutsche Telekom sur le marché
européen. Cela devrait se faire à coups
de milliards de francs : les deux groupes sont riches,
puissants et ambitieux. Le feuilleton ne fait que
commencer, et il va y avoir du sport, dautant
que Michel Bon et Ron Sommer, les patrons respectifs
de France Télécom et de Deutsche Telekom,
sont les meilleurs ennemis du monde. Lan dernier,
Ron Sommer avait lancé son groupe à
lassaut de Telecom Italia sans en avertir Michel
Bon, qui lavait pris comme une trahison impardonnable.
Lopérateur italien est finalement revenu
à Olivetti, qui a damé le pion à
Deutsche Telekom.
Les
fournisseurs daccès
|
T-Online
|
Club-Internet
|
Wanadoo
|
Nombre
dabonnés
au 31/12/99 |
4,2
millions |
320
000 |
1,1
million |
Les
deux géants des télécommunications
|
Deutsche
Telekom
|
France
Telecom
|
Chiffre
d’affaires 1999 |
35,3 milliards deuros
|
27,2 milliards deuros
|
Capitalisation
boursière
au 16/02/99
|
263
milliards deuros
|
162
milliards deuros
|