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Vous connaissiez le délit de sale gueule, nous entrons désormais dans l’ère de la sale voix. Deux Américains, Stephen Silverman, un psychiatre de l’Université de Yale, et Mitchell Wilkes, un ingénieur de l’Université Vanderbilt, ont découvert que les patients suicidaires adoptent involontairement un ton de voix spécifique. Lors de ses consultations, Silverman avait cru remarquer une intonation particulière chez ses patients sur le point de commettre une tentative de suicide. "Chez les patients suicidaires, la voix devient légèrement caverneuse, affirme-t-il, ils appellent cela la voix d’outre-tombe." Il a tenté de vérifier la pertinence de cette observation avec l’aide de Wilkes. Ensemble, ils ont mené une expérience en enregistrant et comparant les voix de 64 patients déprimés, dont 22 ont ensuite commis une tentative de suicide, et celles de 33 sujets " normaux ".

...locution plus hachée

Á l’aide de ces enregistrements, Wilkes a identifié deux facteurs permettant de différencier les patients déprimés au bord du suicide des autres. D’une part, les suicidaires semblent utiliser un spectre de fréquence beaucoup moins important que les individus déprimés " normaux " pour prononcer les voyelles. D’autre part, l’élocution est plus hachée. Pour Wilkes, ces modifications sont dûes à des modifications physiologiques induites par un stress suicidaire (hyper contraction des muscles, " boule dans la gorge ", sécheresse du palais, etc.). Wilkes et Silverman espèrent utiliser leurs observations pour mettre au point un appareil permettant de détecter automatiquement si un patient déprimé risque de porter atteinte à ses jours. Un tel appareil pourrait être avantageusement utilisé dans les services d’accueil psychiatriques, les centres d’aide et d’écoute et pourquoi pas... par votre supérieur hiérarchique.