Des robots qui dansent ? Une vue de l’esprit...
Des bras robots orange dansant une gigue étrange, c’est "Convergence homMach", l’une des installations les plus appréciés du festival d’arts multimédia urbains de Belfort. Une projection dans le futur, une manière d’imaginer nos vies avec les robots.
 Karine Portrait |
Deux bras métalliques orange entament une étrange danse ; asymétrique, sans coordination. Ballet froid et sensuel à la fois. Et l’envie irrésistible de tendre le bras, de toucher et d’accompagner les robots dans leur mouvement. Mais sur le muret de l’installation baptisée "Convergence homMach", cette affiche scotchée à plusieurs exemplaires avertit : "
Attention danger mortel." Et l’on reste sagement derrière les limites imposées. La chorégraphie de ces bras-robots tirés de l’industrie automobile (ils ressemblent étrangement à ceux de la pub Citroën Picasso) se joue dans les cerveaux. Le visiteur met un casque sur sa tête, plusieurs zones de ce casque mesurent l’activité du cerveau, qui induit les gestes des bras mécaniques. Chaque hémisphère "contrôle" le mouvement d’un des robots. L’installation a été créée dans les locaux du ZKM de Karlsruhe, Centre d’art et de technologie des médias. Ils sont trois à l’avoir imaginé ; l’informaticienne Martina Haitz, le docteur en chimie, Jan Zappe et le designer Matthias Gommel.
 Karine Portrait |
Matthias ne quitte pas le stand. Dès qu’un visiteur baragouine quelques mots d’anglais - Matthias ne parle pas français -, il prend la place de sa traductrice et commence l’explication. Il a de grandes lunettes à monture noire, un t-shirt assorti, un visage pâle et fin. Des cernes qui s’allongent sous les yeux. Fatigué d’expliquer le fonctionnement complexe de sa machine ? "
Non. Surtout de la soirée d’hier soir", sourit-il. Heureux du succès. De voir les gens qui s’approchent, s’intriguent et harcèlent sa traductrice de questions. Les curieux font la queue pour essayer la machine. Certains restent des minutes entières, les yeux rivés sur les robots. Sans bouger. D’autres se bousculent pour poser leur questions. Il y a des photos qui se prennent et des prospectus qui se rangent dans le sac. Une star. Un des responsables de l’exposition qui les a choisis, passe et repasse, un verre de vin à la main. Se dit Européen dans l’âme et explique d’un français (presque) sans accent qu’il suit leur travail depuis quelques années. Et qu’il n’a même pas hésité avant de les choisir. "
Parce que leur travail ne parle pas de demain, mais d’après-demain. De notre vie avec les robots."
 Karine Portrait |
Matthias raconte : "
Une fois, des parents nous ont amené leur enfant. Ils nous ont demandé de leur expliquer ce qui n’allait pas avec lui." Et quand l’artiste dit ça, il a des airs de gosse effrayé par la monstruosité de son invention. Le casque sur les oreilles, le cerveau étalé sur un écran, les questions des visiteurs s’égrènent. Et cette courbe-là, ça veut dire quoi ? Matthias ne se départit pas d’un calme tranquille. Répète qu’il n’est pas spécialiste. "
Artiste avant tout." Explique ce qu’il peut. Qu’une émotion, un rire, une frayeur peuvent provoquer une montée de courbe, un déhanchement de la machine. Qu’une réflexion poussée fait monter le bras mécanique. "
Par exemple, vous pouvez essayer de vous détendre. Normalement, les bras réagissent de la même façon." Pas évident. Lui y arrive parfois.