Une association française, TSF (technologie sans frontière) va équiper en ordinateurs des lycées d’Ulundi, la capitale historique du pays Zoulou en Afrique du Sud.
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Une quête. Rompre avec l’isolement et combattre l’apartheid économique, toujours vivace en Afrique du Sud. Réduire les conséquences de la fracture numérique. C’est l’objectif, l’obsession de Laurent Bardin, jeune ingénieur de 26 ans et président de l’association qu’il a créé en 1999, TSF (technologie sans frontière). En juin prochain, Technologie sans frontière, basée à quelques kilomètres de la technopole de Sophia-Antipolis dans l’arrière-pays niçois, acheminera une trentaine d’ordinateurs vers l’Afrique du Sud. À Ulundi, précisément. La capitale historique du royaume Zoulou à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, la ville est située au centre de la région du KwaZulu-Natal et compte environ 40 000 habitants. Elle demeure le cœur du Zoulouland. C’est ici, dans cinq lycées, que TSF installera une trentaine d’ordinateurs connectés au réseau. Nom de code du projet : South AfricaNet 2001. Pour le mener à bien, une trentaine d’ordinateurs ont été collectés auprès d’une poignée de jeunes pousses de la technopole de Sophia Antipolis. "
En général, le matériel informatique des sociétés est amorti sur trois ans. Désormais, nous récupérons donc des pentium de première génération (Pentium 160 ou 200)", se réjouit Laurent Bardin. Les vieux coucous que sont les Pentium 486 ne font, eux, plus vraiment l’affaire. Pendant trois mois, trois membres de TSF aidés par des étudiants de l’école d’ingénieurs de Toulouse ( ENSEEIHT) vont installer les ordi et assurer la formation des professeurs et des élèves de 12 à 18 ans. Au total, 150 professeurs et 3 500 étudiants répartis dans les cinq lycées. Pour Laurent Bardin, l’endroit cadrait idéalement avec les objectifs de TSF. "
Désormais, en Afrique du Sud, le développement d’Internet peut-être comparé au boom du réseau en Europe. Sauf qu’en Afrique du Sud, les internautes sont à 90 % des blancs."
Laurent a découvert la spécificité sud africaine en 1999, au cours d’un stage de neuf mois dans un labo de recherche de Stellenbosch, à une cinquantaine de kilomètres du Cap. Au travail, il se lie d’amitié avec un collègue noir qui lui fait découvrir son " township " à Stellenbosch. L’un de ces getthos dans lesquels sont parqués les noirs, héritage du régime de l’apartheid sud africain. Il s’y trouvera une vocation. Le jeune homme multiplie les contacts, apprend même le xhosa ( langue de la famille des langues à clic). "Une langue très difficile à apprendre", se marre-t-il. Il finit par donner des cours d’informatique dans un lycée du township : l’école dispose d’une dizaine de machines mais personne ne sait les utiliser. Quand il entreprend de faire le tour des écoles, tous les directeurs ont, à la bouche les mêmes interrogations : "Est-ce que vous avez des ordinateurs. Pouvez-vous nous former à Internet ?" De retour en France, il décide donc de fonder TSF.
Le projet d’une vie
Le projet est assez ambitieux : connecter, à terme, tous les lycées de la capitale Zoulou. Une entreprise difficile, puisque certains lycées d’Ulundi ne disposent pas de ligne téléphonique. "À l’université de Stellenbosch, une université blanche qui compte deux à trois mille étudiants, l’accès à Internet est partout. L’université est parsemée de bornes interactives. Et dans chaque salle de cours, il existe un moyen de se connecter à la toile", explique Laurent. Mais il ne désespère pas. Il a même décroché un entretien (en juillet prochain) avec le ministre de l’intérieur sud Africain Mangosuthu Gatsha Buthelezi. Un homme du cru. Objectif : trouver un écho favorable au développement des infrastructures de télécommunications des lycées d’Ulundi. L’idéal serait un raccordement à haut débit (ADSL). En attendant, TSF a hérité d’une d’une antenne d’émission et réception par satellite. Ainsi que de quatre heures de diffusion gratuites par semaine. "Nous allons l’installer sur le toit de l’un des lycées. Ce qui nous permettra de garder le contact avec eux. Chaque semaine, nous allons diffuser des cours en vidéo par ce biais", dit Laurent Bardin. À Bill Gates qu’il a déjà entendu dire que l’Afrique avait besoin d’autres choses que des ordinateurs, il répond : "J’ai l’impression que ce genre de discours peut incarner, d’une certaine manière, la survivance d’une attitude de colons. Donner du riz, d’accord, mais jouer à fond la carte du transfert de savoir, ça, c’est le projet d’une vie !" lâche l’ingénieur. Prêt à y consacrer la sienne.
L’association TSF (Technologie sans frontière)
http://tsfworld.free.fr/