Une découverte américaine montre que les extremophiles, des bactéries vivant en milieux extrêmes, solidifient l’or en le "réduisant" chimiquement. Si la découverte est intéressante, les applications restent inconnues.
Les bactéries vivant dans les milieux extrêmes (déserts, cheminées de volcans...), baptisées logiquement extremophiles, n’ont pas fini de nous étonner. Une découverte du professeur Lovley, de l’université du Massachusetts, diffusée dans le journal américain Applied and Environmental Microbiology et rapportée notamment par wired.com, montre que ces micro-organismes sont capables de "réduire" de l’or (obtenir du métal solide à partir d’un oxyde).
Comme l’oxygène pour les humains
En travaillant sur des bactéries qui réduisent le fer, le professeur Lovley, voyant qu’il obtenait de bons résultats, a cherché à savoir si ces dernières étaient capables d’agir sur des sels d’or. Bingo ! En absorbant ces fameux sels, afin d’en tirer de l’énergie et de faire fonctionner leur métabolisme, un peu comme l’homme avec l’oxygène, les extremophiles ont effectivement rejeté de l’or à l’état solide. Certains micro-organismes possèdent naturellement la capacité d’extraire les métaux de certains matériaux. Plusieurs mécanismes interviennent dans ces actions : réduction et oxydation, synthèse d’acides... En l’occurrence, le métal dissout est absorbé par une enzyme qui le rejette à l’état solide. Un mécanisme microscopique car il faudrait environ un million de microbes pour fabriquer un gramme de métal doré...
Quelles applications ?
Lovley reconnaît que cette découverte ne peut encore trouver des applications économiques, étant donnée les quantités infimes d’or rejeté. En revanche, elle reste précieuse pour expliquer la présence de très légères traces trouvées par les chercheurs d’or aux ...tats Unis il y a deux siècles. S’attendant à dénicher directement des pépites, ils seraient tombés, selon Frank Chapelle, un chercheur en hydrologie à l’Institut Géologique américain, basé à Columbia, sur de minuscules traces d’or formées par agglomération. Michel Duguet, directeur de l’Institut de génétique et de microbiologie à Orsay, pense que "cette découverte intéressante révèle une nouvelle propriété de réduction des extremophiles, mais ne constitue pas un événement sans précédent. D’un point de vue économique, cela ne va pas très loin. Mais cela explique comment se sont constitués certains dépôts d’or." Enfin, cette découverte montre les potentialités fantastiques de ces organismes, dont l’immense diversité est souvent sous-exploitée. Pour Michel Duguet, qui ne rejette pas l’idée d’applications médicales ou économiques de ce genre de découvertes, il suffit de multiplier de telles propriétés par le nombre d’extremophiles pour imaginer ce qu’il reste à découvrir...
L’article du Wired.Com:
http://www.wired.com/news/technolog...
Le site de l’Institut de Génétique et de Microbiologie:
http://www.igmors.u-psud.fr/
Etude complète dans Applied and Enironmental Microbiology (payant):
http://aem.asm.org/cgi/content/full...