Des experts anglais prédisent une pénurie énergétique aux "conséquences cataclysmiques"
En 2020, la Grande-Bretagne pourrait être obligée d’importer 80 % de ses ressources énegétiques, révèle un rapport publié le 7 juillet par l’ICE (Institution of civil engineers) un institut de référence du génie civil britannique, fondé en 1818.
Le rapport annuel 2003 sur "l’Etat de la Nation" publié par l’ICE souligne les conséquences "potentiellement cataclysmiques" d’une dépendance toujours croissante de la Grande-Bretagne vis-à-vis d’importations d’hydrocarbures "à partir de pays lointains et dont il est impossible de garantir la stabilité".
Tom Foulkes, directeur général de l’institut de génie civil, déclare : "Depuis un siècle, la production électrique anglaise est restée largement autosuffisante. Mais la situation va bientôt évoluer de façon spectaculaire." David Anderson, responsable du département énergie de l’ICE, renchérit : "Dans moins de vingt ans, un retour aux coupures d’électricités (...) et un arrêt de l’économie du pays représentent un risque très plausible."
Quadrature du cercle énergétique
D’ores et déjà, 74 % de l’électricité du Royaume-Uni est produite à partir de sources d’énergie fossiles et non renouvelables (32 % de charbon, 38 % de gaz naturel et 4 % de pétrole). La situation est d’autant plus délicate que l’Angleterre s’est engagée à fermer toutes ses centrales au charbon d’ici à 2016, dans le cadre du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Pour corser encore un peu l’équation énergétique, le rapport de l’ICE souligne que le pays ne disposera plus que d’une seule centrale nucléaire opérationnelle en 2020, "à cause de l’incapacité du gourvernement à financer un programme nucléaire pérenne".
Les énergies renouvelables représentent pour l’instant à peine 3 % du total de la production d’électricité anglaise. Dans le meilleur des cas, elles ne pourront représenter qu’une "solution marginale" à l’horizon 2020. Le recours à des importations massives du gaz naturel produit par la Norvège serait la seule solution plausible pour limiter la casse. Mais l’ICE rappelle que la demande européenne de gaz naturel dépasse déjà largement l’offre disponible sur le territoire de l’Union. "Sans gaz naturel, la Grande-Bretagne n’aura tout simplement plus d’électricité", insiste Tom Foulkes.
Comme plusieurs autres pays européens, dont la France, le Royaume-Uni vient de s’engager à réduire de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Difficile de dire comment un tel objectif pourra être tenu. Les auteurs du rapport annuel de l’ICE ne voient pas comment la Grande-Bretagne peut échapper à une rapide crise de pénurie énergétique sans faire appel de plus en plus massivement aux importations d’hydrocarbures. Des hydrocarbures dont la combustion est l’un des facteurs essentiels des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement du climat.
Le rapport 2003 de l’ICE sur "l’Etat de la nation":
http://www.ice.org.uk/navigation/in...
Le site de l’ICE (Institution of civil engineers):
http://www.ice.org.uk
Un résumé du rapport en français, sur le site d’Enviro2B:
http://www.enviro2b.com/france/web/...
Les pays développés peuvent-ils produire plus en polluant moins? (Transfert):
http://www.transfert.net/a8636
Dossier: L’impasse énergétique (Transfert.net):
http://www.transfert.net/d51