En matière d’utilisation des nouvelles technologies appliquées au renseignement, la France, en pointe au niveau européen, fait néanmoins pâle figure en comparaison des moyens américains. Pour combler ses lacunes et les difficultés à mettre en place des partenariats avec les autres puissances européennes, la Défense nationale pourrait ainsi déléguer une partie de ses activités à des entreprises privées. C’est en tout cas ce que préconise Bernard Carayon, député UMP auteur d’un rapport sur le renseignement et le Secrétariat genéral de la Défense nationale (SGDN), et ce que laissent penser deux projets inscrits dans le budget 2004 de la Défense, adopté le 4 novembre : l’un concerne le maintien d’un navire consacré aux écoutes, l’autre les télécommunications militaires.
Dans son rapport sur le Secrétariat général de la Défense nationale consacré au renseignement, Bernard Carayon propose qu’"un grand industriel du secteur de la défense devienne le partenaire de l’État afin de fournir un service global d’analyse et d’intégration rapide des meilleures technologies du renseignement".
Un industriel privé promu consultant national
Inspirée des méthodes anglo-saxonnes de "Lead System Integrator" (LSI), cette formule passe par la création d’une instance "tampon", chargée de faire l’interface entre la Défense et plusieurs entreprises. "Architecte global, plutôt que (le) simple fournisseur, Bernard Carayon envisage le rôle de cet industriel comme celui d’un "intermédiaire de confiance entre les autorités et le reste du monde industriel et scientifique".
Selon le député UMP, les avantages seraient nombreux : "productivité accrue et meilleure allocation des ressources, meilleure coordination des acteurs, spécialement en période de crise, (et) meilleure efficacité de la R&D." Sans compter des retombées technologique dans le domaine civil,"en particulier dans le domaine de l’intelligence économique".
Selon Bernard Carayon, le "Lead System Integrator" a fait ses preuves au Royaume-Uni. Et la France ferait bien de s’en inspirer. "L’effort français est inférieur de près de 24% à celui qu’effectuent les Britanniques en matière de Recherche et technologie", rappelle-t-il, et de près d’un tiers en matière de recherche et développement.
Economie de personnel
Parallèlement aux recommandations du député, deux programmes inscrits dans le budget 2004 de la Défense font état de l’externalisation d’une partie des tâches liées au renseignement.
Ainsi, le Minrem, bâtiment d’écoute naval qui doit être livré en 2006, en remplacement du Bougainville, "devrait faire l’objet d’un contrat ingénieux". Il s’agirait de confier à un prestataire privé la charge du "maintien en condition" du vaisseau de façon à éviter, pour la Défense, la formation "des personnels à la maintenance de son bâtiment, optimisant ainsi la gestion de son personnel... et ses coûts".
De son côté, le programme Syracuse de télécommunications militaires par satellite pourrait lui aussi s’inspiré d’un schéma étudié par les Britanniques, "qui recourent à la location de services (Private Finance Initiative)", de sorte de bénéficier de "la possibilité de partager de l’emploi d’un système avec d’autres utilisateurs via un opérateur privé".
Ces pistes de réflexion et ces projets permettraient à la France de poursuivre son effort en terme de renseignement technique. Une alternative à la coopération avec les autres partenaires européens qui, depuis des années, reste à l’état de voeu
pieux.
Le rapport Carayon sur le Secrétariat général de la Défense nationale:
http://www.assemblee-nationale.fr/1...
"L’efficacité d’une politique d’intelligence économique repose sur un effet de réseau", interview de Bernard Carayon (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9288
Les gros yeux de la grande muette (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a6760
La France prépare la guerre de l’information (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a5691
"Il manque une logique globale pour soutenir l’industrie informatique", interview de Gaël Duval (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8791