Pour les défenseurs du logiciel libre, l’arrivée d’Amazon en France est un symbole. Et l’occasion de sensibiliser le public à la question des brevets logiciels.
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Mardi soir, sur les péniches des quais de Seine, juste en face de la Bibliothèque nationale de France (BNF), le géant de la librairie en ligne inaugure son site français, amazon.fr, au milieu des petits-fours et du champagne (Lire
Amazon.fr n’a rien à vous dire).
Une pseudo-innovation
Dehors, le buffet sera sûrement moins fastueux. Des contre-manifestants distribueront des petits gâteaux aux pépites de chocolat, des cookies. Plusieurs associations entendent en effet profiter de l’occasion pour médiatiser leur refus du brevetage des logiciels. S’ils s’en prennent à Amazon, c’est qu’aux ...tats-Unis la firme de Jeff Bezos a déposé un brevet sur "l’achat en un clic". Ce système utilisant les petits mouchards que sont les cookies permet au client d’entrer une fois pour toutes ses coordonnées sur le site. Une pseudo-innovation technologique qui a provoqué un tollé outre-Atlantique. "Aux ...tats-Unis, il est possible de breveter n’importe quoi ou presque, explique Stéphane Fermigier, président de l’AFUL (Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres). Amazon a pu déposer des brevets triviaux qui lui donnent un monopole sur des pratiques commerciales évidentes."
L’Europe en route vers les brevets logiciels ?
En Europe, l’article 52 de la convention de Munich interdit de breveter les logiciels. Pour l’instant. Selon l’AFUL et l’APRIL (Association pour la promotion et la recherche en informatique libre), cette garantie est précaire : la convention devrait être révisée en novembre prochain. Et l’Union Européenne planche sur une directive qui, elle aussi, autoriserait les brevets de logiciels. Les défenseurs du logiciel libre accusent même l’Office européen des brevets (OEB) "de jouer sur les mots pour arriver à breveter des logiciels." Pour l’instant, les brevets d’Amazon n’ont pas été acceptés. Mais un changement de la législation validerait automatiquement ces dépôts.
Frédéric Couchet, président de l’APRIL précise : "Nous n’avons rien contre l’arrivée d’Amazon en France. Nous luttons simplement contre ce qu’ils représentent : le brevetage à tout va. Ce soir, il y aura toutes les têtes de la nouvelle économie. Il faut leur faire comprendre que le brevet logiciel est une menace pour leur développement." L’alliance EuroLinux, dont l’AFUL et APRIL sont membres, a mis en ligne une "Pétition pour une Europe sans brevets logiciels". En quelques mois, 35 000 signatures de professionnels de l’informatique ont été recueillies. Bien, mais pas suffisant selon Stéphane Fermigier : "Ce n’est pas assez. Pour avoir du poids face aux institutions européennes, c’est les entreprises que nous devons convaincre."