Des chimistes créent un outil de classement "intelligent" pour les molécules thérapeutiques
Grâce à ce nouvel algorithme, on traite l’information avant de soigner les malades
Une équipe de biochimistes américains a mis au point un système de classement "intelligent" des molécules. Cette méthode serait capable, selon ses concepteurs, de réduire de façon importante le temps et l’argent consacrés à la mise au point de médicaments.
Le développement de médicaments coûte cher. Il s’effectue en effet en une série de longues et coûteuses étapes. La première d’entre elles consite à trouver des molécules suceptibles de présenter un intérêt thérapeutique. Lors de cette étape, les laboratoires réalisent, dans des tubes à essai, des centaines de tests biochimiques sur des centaines de milliers de molécules, pour n’en conserver au final que quelques-unes.
Brent Stockwell et ses collègues du Whitehead Institute, un centre de recherche biomédicale rattaché au MIT, ont peut-être trouvé un raccourci en rendant cette étape un peu plus "intelligente". Ils ont constitué une base de données rassemblant 2036 molécules dont l’activité biologique était bien documentée. Ils ont ainsi identifié près de 12 000 fonctions biochimiques au total.
Bibliothèque d’Alexandrie de la biochimie
Ils ont ensuite annoté chacune d’entre elles en fonction de ses propriétés biochimiques. Selon Stockwell, qui publie ses travaux dans la revue scientifique Chemistry and Biology, "cette stratégie d’annotation capture toute l’information associée aux composés chimiques" et procure au biochimiste une connaissance immédiate et synthétique des molécules qu’il étudie. Un peu comme le langage mathématique permet de représenter et prédire, par un calcul, le comportement des objets physiques.
Grâce leur procédé d’annotation, les chercheurs du Whitehead Institute sont ainsi parvenus à prédire l’activité antitumorale de 85 des 2036 composés de leur base. Aucune de ces molécules n’avait jusqu’alors été testée spécifiquement comme anticancéreux. Par ailleurs, en croisant les informations concernant ces 85 molécules, Stockwell pense avoir isolé 12 nouveaux mécanismes biochimiques liés à l’apparition des cancers.
Selon les scientifiques à l’origine de ce système, il est possible de maintenir à jour la base de données et de l’étendre lorsque les propriétés de nouveaux composés sont publiées. En y intégrant les 5 000 à 10 000 composés chimiques actuellement utilisés en médecine, Stockwell espère pouvoir ainsi constituer une véritable Bibliothèque d’Alexandrie de la biochimie.
Article de David E. Root , Stephen P.
Biological Mechanism Profiling Using an Annotated Compound Library
(Chemistry and Biology):
http://www.chembiol.com/content/art...