Une équipe de médecins américains et russes a constaté qu’une exposition même modérée à la radioactivité laissait une empreinte détectable et quantifiable dans l’ADN de nos cellules.
Si chacun connaît les risques mortels d’une exposition massive aux radiations, peu de recherches ont été consacrées aux effets d’une irradiation "modérée" mais prolongée. Comme celle que connaissent les personnes travaillant ou résidant dans des zones contaminées (comme les zones touchées par le nuage de Tchernobyl ou les théâtres d’opérations militaires comme le Kosovo ou l’Irak), mais également les astronautes (en raison des radiations solaires ionisantes).
David J. Brenner, du Center for Radiological Research de New York, et Valentin F. Khokhryakov, de l’Institut Biophysique de l’Oural-Sud, ont étudié des personnels "en bonne santé" du complexe militaire nucléaire d’Oyorsk, en Russie. Puis ils ont utilisé une nouvelle technique de coloration des chromosomes pour mettre en évidence les modifications de l’ADN observées. Leurs résultats ont été publiés dans la revue The American Journal of Human Genetics.
Chromosomes endommagés
Les sujets étudiés ont travaillé durant plusieurs années à proximité d’installations renfermant du plutonium militaire mais n’ont développé aucune pathologie visible liée à leur exposition. Ils ont été regroupés en fonction de leur niveau supposé d’irradiation (nulle, faible, importante). Les chercheurs ont alors constaté que plus ce niveau était important, plus les aberrations chromosomiques étaient nombreuses.
Les médecins ont mesuré que près de 62% des globules blancs des personnes jugées très exposées comportaient un ou plusieurs chromosomes endommagés... bien qu’ils n’aient développé aucun symptôme. Parallèlement, presqu’aucune modification de l’ADN n’a été constatée chez les sujets qui n’ont pas été exposés.
Brenner et Khokhryakov espèrent automatiser cette technique de "traçage" des chromosomes, car elle est encore longue et coûteuse. En effet, elle permettrait un meilleur suivi médical des personnes fragilisées par une exposition passée à la radioactivité.
Past Exposure to Densely Ionizing Radiation Leaves a Unique Permanent Signature in the Genome (The American Journal of Human Genetics - accès restreint):
http://www.journals.uchicago.edu/AJ...
The American Journal of Human Genetics, Volume 72- 5 (résumé)
http://www.journals.uchicago.edu/AJ...