Des chercheurs découvrent comment les bactéries communiquent et deviennent infectieuses
Une chercheuse américaine de l’université de Princeton a découvert comment les bactéries les plus virulentes communiquent entre elles, notamment pour s’informer du nombre de leurs congénères présents à proximité. Une avancée qui pourrait permettre de prévenir des infections microbiennes, les bactéries semblant devenir pathogènes quand elles sentent qu’elles sont en nombre suffisant.
On sait que de nombreux microbes, dont ceux du choléra ou de la peste, peuvent "savoir" si d’autres micro-organismes sont présents dans leur environnement. Grâce à une bourse de l’Office of Naval Research, Bonnie Bassler et ses collègues de Princeton ont étudié en détail cette faculté des bactéries appelée "détection de quorum" (quorum sensing).
Si la Navy américaine s’intéresse d’aussi près aux communications bactériennes, c’est parce qu’elles peuvent servir de modèle aux communications entre unités militaires isolées ou infiltrées derrière les lignes ennemies, comme les parachutistes ou les commandos de marine.
La détection de quorum a été observée pour le première fois chez deux bactéries infectant le poisson : Vibrio harveyi et Vibrio fischeri. Ces organismes cellulaires libèrent un composé chimique qui s’accumule lorsque leur population augmente. En détectant la concentration de cette substance, les bactéries sont ainsi capables d’évaluer la densité de leur semblables dans leur environnement.
Plus on est de bactéries...
La détection de quorum n’est pas propre à V. harveyi et V. fisheri. Bassler pense d’ailleurs que cette compétence prouve que les bactéries n’agissent pas "en franc-tireur" mais bien de concert.
"Si une bactérie pense qu’elle est seule au monde, elle ne produira pas de toxine et ne formera pas de biofilm (la pellicule translucide que forment les bactéries quand elles s’accumulent, à la surface de l’eau, par exemple, Ndlr)", explique la chercheuse dans son communiqué
.
En revanche, lorsque le quorum est atteint, la bactérie commence à se multiplier et à répandre ses toxines. Bref, selon les chercheurs, c’est la détection de quorum qui fait basculer la bactérie d’un état "dormant" à son état pathogène... et qui transforme donc un organisme contaminé en organisme infecté et malade.
En comprenant le mécanisme de la détection de quorum, Bonnie Bassler pense découvrir un moyen de "baillonner" les bactéries pathogènes, et de prévenir ainsi efficacement le développement des infections bactériennes.
Le communiqué des chercheurs de Princeton:
http://www.onr.navy.mil/media/tipof...
La page de Bonnie Bassler:
http://www.macfound.org/programs/fe...
Le site de l’Office of Naval Research:
http://www.onr.navy.mil/default.asp