TRANSFERT S'ARRETE
Transfert décryptait l'actualité des nouvelles technologies,
proposait un fil info quotidien et une série d'outils de veille. Notre agence, refusant toute publicité,
dépendait de ses abonnements.
De passage en France le 21 octobre, le danseur et le chorégraphe autrichiens de DAVE ont réussi à intégrer parfaitement le corps et la vidéo dans leur spectacle.
Un athlète s’éveille lentement sur la scène plongée dans l’obscurité. Il prend vie avec la musique, lancinante comme les battements du cœur. Sous les projecteurs, son torse nu se soulève, illuminé d’une pluie de lumières bleues. Il saisit une boule d’énergie rougeoyante, la fait rouler le long de son corps. Miracle : l’homme devient une femme au buste arrondi.
On a projeté sur le dos du danseur l’image d’une femme nue. Cette chorégraphie magique est l’œuvre de Klaus Obermaier, artiste multimédia (vidéaste, metteur en scène, interprète, musicien) et de son Pygmalion en chaussons, Chris Haring. Le duo autrichien est de passage à Villeneuve d’Ascq (Nord), à la Rose des Vents, le 21 octobre, sous le nom de DAVE : Digital Amplified Video Engine.
"Nous avons choisi ce prénom, parce que cela personnalise le spectacle, explique Klaus Obermaier. Quand j’ai vu Chris dans une peau bleue, j’ai su immédiatement que l’idée était là : dans le corps humain, dans l’individu. Il fallait casser l’image académique du danseur-objet." Barbiche finement taillée et lunettes d’intello branché, Klaus Obermaier, 45 ans, se définit comme un "media artiste". Ce n’est pas un coup d’essai. En 1993, déjà, il avait monté une pièce interactive avec les Américains du célèbre Kronos Quartet. À la fin du spectacle, le public pouvait inventer sa propre musique en passant la main à travers des rayons lasers. Ce simple geste modifiait la musique diffusée.
Le corps-écran
L’artiste a voulu associer un nouveau média à son univers : "J’en avais assez de voir ces vidéos banales qu’on vous projette depuis des années. Il n’y a plus un spectacle de danse sans un écran vidéo ! Avec DAVE, le corps devient l’écran." Et ce corps soumis à la question artistique subit déformations, torsions, transformations. Klaus Obermaier ironise sur la fin des canons esthétiques figés : "Dans le futur, quand la chirurgie esthétique sera devenue plus accessible, il sera normal de travailler sur son corps. Ces tendances se font déjà jour avec le piercing, les tatouages. Pourquoi ? Parce que pendant des années, la religion nous a éloigné de notre corps, en disant que c’était sale. C’était l’époque des ballets, où l’on dansait sur des pointes. Cela allait à l’encontre du corps ! Mais depuis 1945, ces barrières religieuses commencent à s’écrouler..." Lui a choisi son camp, celui de la sensualité. Comme dans cette scène où une multitude de mains féminines caressent le torse du danseur. L’objectif de Klaus Obermaier est de pousser l’expérience en montant un spectacle avec quatre danseurs. "Mais quel boulot !", soupire-t-il. DAVE a mis deux ans et demi à voir le jour. Le temps de synchroniser les gestes et les images...