L’agence ivoirienne chargée de la régulation des télécoms tente de contrôler le développement sauvage de la téléphonie sur IP. Les premiers à trinquer sont les cybercafés.
L’ATCI (Agence des télécoms de la Côte d’Ivoire) passe à l’offensive. En décidant de partir à la chasse aux "fraudeurs", selon l’expression d’un responsable de l’ATCI contacté par Transfert. "Certains cybercafés sont hors la loi. L’...tat a passé des accords avec Côte d’Ivoire Telecom [détenu par France Télecom et dont les dirigeants sont français, NDRL] qui stipulent que cet opérateur a le monopole du transport de la voix jusqu’en 2004." L’accord remonte à 1995. Sept ans de monopole sur la téléphonie fixe, une aubaine. Problème : des points d’accès internet se sont multipliés dans la capitale, Abidjan. Et ses cybercafés proposent des services de téléphonies sur IP : "Les pancartes vantant des communications vers l’étranger via Internet à moindre coût fleurissent à chaque coin de rue" explique Geoffroy Baillet, journaliste à Fraternité Matin, un journal local, et qui a récemment interrogé le directeur général de l’ATCI, Basile Gnon, au sujet de ces mesures restrictives.
Descentes policières promises
"Beaucoup de personnes se sont mobilisées et ont appelé l’ATCI pour protester contre ces mesures", poursuit le journaliste. Plutôt logique lorsqu’on regarde les coûts d’un appel vers l’étranger : à destination de la France, la minute de communication sur Internet coûte de 250 à 300 francs CFA contre 1 000 francs CFA par le téléphone classique, selon les chiffres communiqués à Transfert par le membre de l’ATCI. Celui-ci se contente de rappeler, à juste titre, que l’ATCI n’est là que pour veiller à l’application les lois ivoiriennes en vigueur sur les télécommunications. Selon l’agence de régulation ivoirienne, la téléphonie sur IP à usage privé n’est pas interdite. Ce que condamne l’ATCI c’est "la téléphonie IP en accès public relevant du domaine de la publiphonie".
Les cybercafés sont ainsi considérés comme des publiphones... Or, ils n’ont pas de licence d’exploitation dont le coût avoisine 1 million de francs CFA (1000 FF). Les internautes ivoiriens pourront toujours appeler à l’étranger via le Réseau. Mais depuis leur domicile, à partir d’un ordinateur. Une configuration très rare en Côte d’Ivoire. L’ATCI promet, pour la semaine prochaine, une série de descentes policières dans les cybercafés d’Abidjan...