À l’approche du prochain festival du photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’image, qui aura lieu en septembre prochain, Corbis renforce sa diffusion mondiale via deux accords avec des banques d’images au Japon et en Espagne.
En créant une joint-venture avec Amana au Japon, première agence d’illustration détenant plus de 4 millions d’images, et l’agence Cover en Espagne, Corbis, le géant mondial de la photo, propriété de Bill Gates, élargit sa diffusion au plan mondial. Le Japon est le second marché photographique au monde, et Corbis vient d’ouvrir, le 1er juillet dernier, un bureau à Hong Kong ainsi qu’à Kuala Lumpur. Avec une telle force de diffusion, on peut se demander ce que le bon vieux droit d’auteur peut espérer d’une économie qui ne veut pas s’embarrasser de problèmes sociaux, humains ou moraux...
Photographes en colère
Après s’être fait huer deux années de suite par les professionnels pour la question des contrats régissant les droits d’exploitation des images, Corbis se devait de redorer son blason. Officiellement et selon François Hébel, responsable éditorial pour l’Europe, cette question des contrats est désormais réglée. Mais les photographes sont loin d’être de cet avis. D’une part, tous les salariés n’ont pas encore signé le contrat qui aura demandé un an de négociations, et d’autre part, l’entreprise aimerait finalement n’avoir à gérer que des contrats de photographes free-lance : ce statut implique la prise en charge par l’auteur de tous les frais de reportage, l’entière responsabilité en cas de procès, et prévoit une ponction de 50 % sur le prix de revente des images, pour le seul service d’être diffusé par l’agence. De plus, même s’il est acquis qu’un photographe reste propriétaire de ses images, il lui faudra quand même attendre trois ans avant que sa production soit retirée des archives ; trois ans durant lesquels les images continueront à se vendre !
Sipa repris par Reuters
Corbis se positionne clairement sur le marché de la presse. Après s’être octroyé la première place dans la vente aux particuliers américains avec Corbis.com, un nouveau site destiné aux professionnels (newsroom) est en cours d’élaboration, et a pour objectif de diffuser des images d’actualité provenant des différentes agences rachetées ces dernières années. ...videmment, seuls les photographes ayant signé le contrat proposé pourront accéder à cette diffusion mondiale de 68 millions d’images numérisées. Il semble évident qu’en rachetant Sygma, la société américaine n’avait pas prévu la gestion d’autant de problèmes liés au droit et au statut du photographe de presse français, certes compliqué puisqu’il se partage entre salariés, pigistes et auteurs.
Par ailleurs, Sipa, autre grande agence photographique de presse française, qui avait refusé les propositions de rachat par Corbis l’année dernière, est en passe d’être reprise par le groupe anglais Reuters, jusqu’alors absent du marché de la photo d’illustration.
La rentrée s’annonce donc très mouvementée pour ce secteur, qui connaîtra, aussi, en septembre, le lancement du portail photographique du groupe Hachette (Hafimage), riche de plusieurs millions d’images numérisées.