La Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe est un texte inapplicable. Il n’y a qu’à regarder le serveur du Conseil pour s’en persuader.
À force de vouloir se protéger contre les “Pearl Harbor” électroniques, la mafia du cyberespace et les dangereux cyberterroristes, les ...tats vont réussir à créer des textes inapplicables qui sombreront, espérons-le, dans l’oubli. Mais quelle énergie dépensée pour les forger et les faire adopter. Le projet de Convention sur le Cybercrime du Conseil de l’Europe a ainsi atteint sa version finale (au 27ème essai) . Mais il contient toujours des articles amusants ou tristes, selon les points de vue.
Un peu comme notre brillante Loi Gaudfrain en France, censée punir, depuis son adoption en 1988, les intrusions informatiques, le point de départ du traité est totalement flou. On lit ainsi que chaque ...tat devra faire en sorte d’adopter les textes rendant “l’accès à tout ou partie d’un système informatique sans droit”, pénalement répréhensible. Merveille... Qui peut définir précisément ce qu’est un “accès” à un système informatique sur un réseau public comme Internet ? Prenons un exemple concret. Si par le plus hasardeux des hasards, le site du conseil de l’Europe n’était pas sécurisé... L’accès à des données, rendues publiques par leur mise en ligne sur un réseau public comme Internet, est-il “sans droit” simplement parce que le webmaster préfèrerait -dans l’absolu- que l’on y accède pas ? En fait, imaginons qu’il décide de “ cacher ” un répertoire qu’il appelle “ Secret ” dans lequel il place des pages html super confidentielles, mais qu’il ne protège pas l’accès audit répertoire. Lorsque le contenu du répertoire sera archivé par Google ou Lycos, et qu’un internaute accédera à ce contenu par hasard, sera-t-il poursuivi pour cyberterrorisme ?
Protège ta base de données !
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Verra-t-on demain les services de police faire une descente à Transfert pour arrêter le cybercriminel que je suis ? Car, avec mon petit navigateur, j’ai lancé une petite requête HTTP de base qui a révélé le login et le mot de passe permettant de se connecter à la base de données du site . S’agit-il d’un accès frauduleux sans droits ? Le serveur www.coe.int a pourtant conservé dans ses logs (traces informatiques) la mémoire de la visite basique d’un internaute lambda. Il l’a archivée comme il archive la demande de la page d’accueil par ma grand-mère. Aucun piratage dans tout ça...
Bref, la démarche sécuritaire d’inspiration policière adoptée par le conseil de l’Europe apparaît déconnectée des réalités techniques et n’aura qu’un effet : rendre les peines plus dures pour les lampistes. En effet, qui peut raisonnablement dire dans quel piteux état de gruyérisation se trouve Internet ? Pas grand monde. Car les vrais trous de sécurité ne sont pas publics. Qui plus est, le piratage à très, très grande échelle est invisible pour le commun des administrateurs réseau. Encore plus pour les services de police. Or, les vrais pirates responsables de ces intrusions (et maintien comme disent les textes), ne sont jamais arrêtés.