Mariam et Sarah, en quête d’informations... et de soutien
Elles semblent épuisées. Affalées sur des chaises devant l’une des salles du Palais des Congrès, à Paris, Mariam et Sarah, deux Sud-Africaines originaires du Cap, assistent depuis dimanche 13 juillet aux conférences de l’IAS (l’International Aids Society) sur les avancées de la recherche sur le sida et ses traitements.
Leur mission : glaner, au cours de ces conférences, le plus d’informations possible afin de les publier sur afroaidsinfo.org, le site pour lequel elles travaillent. "En Afrique, c’est très difficile d’obtenir des informations sur les progrès scientifiques autour du sida, explique Sarah. Le site pour lequel nous travaillons s’adresse à la fois aux médecins et aux malades, c’est pourquoi il est important pour nous d’assister à de telles conférences."
Mariam et Sarah ont réussi à payer leur voyage à Paris grâce aux dons de plusieurs sponsors, dont l’IAS. L’International Aids Society finance également leur site, afroaidsinfo.org, en collaboration avec Secure The Future, une association de "soutien aux femmes et aux enfants vivants avec le VIH/Sida" et le Centre médical de recherche d’Afrique du Sud.
"En Afrique du Sud, le sida est la première cause de mortalité", rappelle Mariam, dont le pays compte le plus grand nombre de personnes touchées par le VIH au monde (4,7 millions de personnes infectées).
"Notre gouvernement refuse de verser des fonds pour lutter contre le sida, s’emporte Mariam. Il intervient seulement dans le domaine de la prévention. Mais nous avons aussi besoin de traitements. Ils sont inaccessibles, parce que bien trop chers. Même les Sud-Africains les plus riches ne peuvent pas les payer !".
Le gouvernement sud-africain dans le collimateur
Le gouvernement sud-africain est une des cibles privilégiées des associations de lutte contre le Sida. Le 21 mars dernier, 600 militants de TAC (Treatement Access Campaign, une campagne lancée en 1998 pour faciliter l’accès des Sud-Africains aux traitements contre le Sida) ont marché vers des commissariats de police situés dans trois villes d’Afrique du sud (Durban, Le Cap et Sharpeville). A l’issue de cette marche, les militants ont porté plainte pour homicide volontaire contre les ministres de la Santé et celui du Commerce et de l’Industrie.
A la fin de l’année 2002, après des mois de négociations avec des représentants des associations de malades, le gouvernement sud-africain avait commandé une étude sur le coût et le nombre d’anti-rétroviraux nécessaires pour guérir un grand nombre de malades. Mais alors que ce rapport est prêt depuis plusieurs mois, le gouvernement n’a encore pris aucune décision.
Seul espoir pour les militants sud-africains : le fonds mondial pour le sida, la tuberculose et le paludisme. Organisée ce mercredi 16 juillet à Paris, dans un hôtel situé à quelques mètres des rencontres de l’IAS, la Conférence des donateurs réunissait les représentants des pays participants au financement de ce fonds, dont les caisses sont aujourd’hui désespérément vides
Pour protester contre les promesses non tenues par ces Etats, l’organisation Fund The Fund a organisé un "dying", devant la salle de la conférence, lors de son ouverture. Mariam et Sarah se sont allongées sur le bitume de la porte Maillot, en silence, aux côtés de la centaine de militants.
"C’était important de participer à cette action, insiste Mariam. Il faut mettre le monde entier au courant de la situation inacceptable de notre pays. Il faut que quelqu’un prenne en compte notre demande, c’est le seul moyen de sauver des vies. Nous espérons que quelque chose sera fait, aujourd’hui, lors de cette conférence". Un espoir bien mince, pour les deux Sud-Africaines qui s’avouaient, après la manifestation, "tristes et désespérées".
Afroaids:
[http://www.afroaidsinfo.org]
Le site de l’IAS:
[http://www.ias.se]
Fund the Fund:
[http://www.fundthefund.org]
Le Nord et le Sud unis dans la lutte contre le Sida:
http://www.transfert.net/a9115