Le 14 septembre 2000 s’est ouvert le premier site marocain d’enchères. Fortement enraciné dans sa culture, son créateur, Othmane Aquallal, entend lutter contre la fuite des cerveaux.
De passage à Paris, Othmane Aquallal débarque tout juste d’Inde. De Bangalore, précisément. Le berceau indien des nouvelles technologies qui exporte désormais ses ingénieurs et ses logiciels jusque dans les entreprises high-tech de la Silicon Valley californienne. "
C’était une visite de prospection", souligne le jeune Marocain de 22 ans. Quelques jours à multiplier les contacts et à s’imprégner du modèle de développement indien. Dans la perspective de nouer un partenariat entre les développeurs indiens et sa société. Chemise, cravate impeccablement nouée à l’américaine, bouc soigneusement dessiné et sourire de crooner, Othmane Aquallal possède toute la panoplie du jeune businessman. Son parcours confirme les apparences. À 18 ans, un bac obtenu au Lycée français de Casablanca, Othmane quitte le Maroc pour se frotter d’emblée à "
la mentalité nord-américaine" à l’Université Mac Gill, à Montréal. Suivent un passage à l’ESSEC et un stage chez iBazar, où il s’occupe du développement international de la société.
Retour au pays
Eric Mugneret |
Quatre ans d’un exil formateur avant un retour au pays : un contre-exemple de la fuite des cerveaux. "
Je me sens débiteur vis-à-vis de mon pays", lâche Othmane. Avant d’ajouter : "
Il faut créer des conditions avantageuses pour que les cerveaux rentrent au pays." Ce "
musulman modéré", comme il se définit lui-même, croit dur comme fer au développement des nouvelles technologies dans son pays. Le nombre d’internautes au Maroc est aujourd’hui estimé à 100 000. Pas si mal, même si "
près de la moitié des connexions s’effectuent à partir de cybercafés", explique Othmane. Selon lui, le Maroc peut jouer vis-à-vis des pays francophones (France, Belgique, Québec, etc.) le rôle de l’Inde sur le marché anglophone des nouvelles technologies. Une plate-forme de sous-traitance consacrée aux NTIC. À condition que l’...tat marocain s’en donne les moyens. "
Nous sommes sur la bonne voie. Sa Majesté Mohamed VI vient par exemple d’inaugurer un parc technologique à Casablanca. À quelques minutes de l’aéroport et à l’entrée de la ville, ce site est destiné à accueillir, courant 2001, des sociétés liées à l’Internet."
Spécificités culturelles
Othmane, lui, n’a pas voulu attendre. En septembre 2000, il a lancé le premier site d’enchères marocain, dlala.com. Dlala ? Enchères en arabe, tout simplement. La société est basée à Casablanca dans un quartier où cohabite une poignée de jeunes pousses made in Maroc. Le jeune patron dirige désormais une équipe de quatre personnes. Le concept de dlala est simple : adapter un modèle économique existant à la culture du pays hôte. Adepte de la théorie du glocal ( contraction de "global" et "local"), Othmane a monté un site tenant compte de spécificités culturelles marocaines. Dlala.com regorge de détails textuels, notamment dans les formules de politesse ou les expressions de bienvenue empruntées à la culture marocaine. Sur dlala.com, le montant des ventes effectives s’échelonne de 50 dirhams (environ 30 F) à 3 millions de dirhams (1,8 MF) pour l’achat d’une villa marocaine. Le site revendique déjà près de 2 700 membres (les "dlaloux"), quelques semaines près son lancement. Othmane prévoit déjà de décliner le concept dans d’autres pays arabes. En Tunisie et en ...gypte, notamment.