Clust, le site d’achat groupé est à vendre au plus offrant. Joël Palix, son fondateur, donne sa version de cet échec. Interview.
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Un site qui révolutionne le commerce électronique." Les mots d’Arnaud Lagardère, président du jury des Clics d’or 2000, en mars dernier, à propos de Clust.com, semblent bien loin. Si ses responsables démentent avoir déposé le bilan, le site d’achat groupé est bel et bien proposé à la vente depuis le jeudi 5 octobre. Une dizaine d’acteurs du marché seraient en course pour la reprise de son nom, de son trafic et de l’équipe restante (une petite quinzaine de personnes). Mise à prix : 6 millions de francs. Joël Palix, le fondateur de Clust, n’a pas souhaité confirmer ce chiffre, mais prévoit la conclusion des négociations avant la fin du mois.
Lancé en janvier dernier, votre site de " communauté d’acheteurs " semblait
avoir toutes les cartes en main : premier tour de table réussi (15 millions
de francs auprès de Viventures, Galileo partners et Partech), un concept
innovant, des récompenses (Clics d’or 2000 du meilleur site marchand et de
la meilleure net entreprise, société la plus prometteuse du dernier Capital It). Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
L’environnement économique a beaucoup changé. Le secteur de l’e-commerce se trouve confronté au retournement des financiers. Aujourd’hui, ils hésitent vraiment avant d’investir dans des start-up. Nous avions prévu une nouvelle levée de fonds pour le second semestre. Or, celle-ci n’est pas possible dans ces conditions. Ayant besoin de nouveaux relais de croissance, nous n’avons pas d’autres solutions que la vente.
Avec l’arrivée sur le marché des Ebuyclub, Alibabuy ou encore Koobuy, n’avez-vous pas été confronté à une trop grande concurrence ?
Non, pas vraiment. Car peu de ces sites ont vraiment décollé. Nous restons le leader français. La présence d’un acteur majeur international comme Letsbuyit n’est pas handicapante, mais plutôt stimulante.
Projets de déploiement européen (Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne), campagne de communication de 5 millions de francs... N’êtes-vous pas allé trop vite ?
Non, car nous sommes contents de nos résultats commerciaux. Avec 20 000 visiteurs par jour, nous n’avons pas de problème d’activité commerciale. On est complètement en phase avec notre business-plan. La différence entre les 20 millions de francs d’intention d’achat mensuelles sur notre site et le million réellement réalisé vient simplement d’un e-commerce encore balbutiant en France. La masse critique d’acheteurs n’est pas encore atteinte.