Après un an d’existence, Clicvision revoit sa stratégie : des programmes en version payante et licenciement de deux tiers des effectifs. Antoine Bourdillon, directeur général adjoint, nous donne sa vision de l’avenir des webtélés.
Une partie des programmes de Clicvision deviennent payant. Pourquoi ce changement de business-model ?
Il faut arrêter de dire qu’on va multiplier nos chiffres par dix tous les ans. Quand on est parti, c’était l’euphorie autour de l’Internet, mais maintenant, on est entré dans des schémas d’entreprise plus classique. Nous allons fortement couper dans nos dépenses en licenciant 20 personnes sur 30 et en mettant en sommeil toute notre production. L’objectif est d’être là dans deux ans quand tout le monde bénéficiera du haut débit et que le Web touchera vraiment le monde entier. Nous allons proposer quatre programmes en payant : Clic Million, un casino en ligne, AstroZ, sur l’astrologie, Tv Coquine, des films X, et Miss Trash, l’émission "provoc’". France Télécom nous reverse 2,21 francs la minute, sur le même modèle que le Minitel. Pas de numéro de carte bleue à donner, l’anonymat est respecté.
Vous avez refusé une proposition de rachat l’année dernière. Continuez-vous à vouloir rester indépendant ?
Pas du tout. C’est génial de se faire racheter, mais pas question de se brader. Nous espérons pouvoir intéresser un capital-risqueur. Mais spécialisé dans les médias. Car il faut qu’il comprenne que, comme tous les autres médias, il nous faut plus de deux ans pour être viable.
Vous souhaitez être reconnu comme un vrai média et comme une société de production comme les autres ?
Tout à fait. Et à ce titre, nous demandons à être aidé par l’...tat. L’année dernière, nous avons dépensé en moyenne 500 000 à 600 000 francs par mois en production. Et nous avons permis à de jeunes auteurs, réalisateurs ou acteurs de faire leurs premiers pas devant une caméra. Nous commençons tout juste à avoir des contacts avec le CSA. J’espère qu’ils s’inquiètent, car si les webtélés meurent (Nouvo est en redressement judiciaire - NDLR), il n’y aura dans l’avenir qu’une Web TV, celle de l’...tat. Cette vision est peut-être caricaturale, mais c’est exprès. Il faut que les autorités réagissent. Nous espérons qu’après sa réunion du 29 mars, le Centre National de la Cinématographie nous accordera enfin des subventions.