Dernière ligne droite, vendredi 30 mars, au cinquième jour du Festival international du film de l’Internet (Fifi) de Lille. Au menu du jour : des productions australiennes, un long-métrage belge et une petite perle russo-américaine.
Le FIFI et les Fifiens vont bientôt cesser de fifiser. Vendredi 30 mars est en effet le dernier jour du Festival lillois du film Internet. Mais les ultimes découvertes de ce FIFI un peu maussade (les difficultés du portail Nouvo sont de mauvaise augure dans le secteur de la production digima) ont été riches par leur qualité. Au programme, trois Australiens : les frères Mark et John Lycette, tout d’abord, sorte de frères Coen du numérique, sont venus montrer le fruit de leur travail. Leur film Not My Type III, présenté en sélection officielle, a d’ailleurs fait grande impression : les amours de bureau de ces personnages entièrement dessinés en signes typographiques sont particulièrement intéressantes, et révélatrices de l’excellence des frangins à traiter une matière difficile : le noir et blanc.
Un bœuf s’anime
Noir et blanc qui a d’ailleurs rendu célèbre le troisième Australien du jour, Dave Jones, dont Teetering, présenté l’année dernière, a laissé un excellent souvenir. Celui qui a un sourire d’enfant perpétuellement accroché au visage est passé cette année à la couleur avec un film très cartoonesque : The Height, mettant en scène un cambrioleur et les policiers qui le poursuivent. Très belle production, avec cependant un étrange goût de pas assez : on en veut encore du aussi bon, et avec un scénario plus charpenté, monsieur Jones ! L’Australie a ensuite passé le relais aux ...tats-Unis, ou plutôt à Mirek Nisenbaum, Russe émigré en Amérique, dont le magnifique Graffiti Tango semble en passe de ramasser la mise lors des récompenses. Point d’histoire ou de personnages ici, l’ancien peintre soviétique passé à l’ordinateur laisse parler son art sur un superbe tango d’Astor Piazzola. Les images défilent abstraites, les matières, les couleurs, un bœuf s’anime soudain sous nos yeux. Un bijou original qui change des cartoons ou des productions cérébrales un peu pompeuses. Un artiste à suivre.
Les vraies questions sur le cybersexe
Enfin, le digima a laissé place au cinéma, le pur, le vrai, avec un long-métrage belge de Pierre-Paul Renders (), Thomas est amoureux. L’histoire de cet internaute agoraphobe qui ne communique avec le reste du monde que via sa bécane pourrait tomber dans la caricature bébête. Mais Renders parvient à poser de vraies questions sur l’Internet et nous montrer un avenir crédible en matière de communication via le Net, voire de cybersexe ! Espérons qu’il sera bientôt programmé dans les salles françaises.
Le FIFI 2001 laisse donc une impression mitigée : on a salué un réel effort de scénario pour les presque 300 films montrés au jury, mais, globalement, peu de concourants ont su utiliser les possibilités de l’interactivité. Sauf exception (Moccu, Appartement 357) l’ensemble se résume à des exercices d’animation de bonne qualité, mais loin d’être révolutionnaires. Quant aux productions des jeunes talents, "elles sont d’un glauque incroyable ! Tristes, même", se plaint un des jurés, plus habitué aux rondeurs colorées. Serait-ce le reflet de la conjoncture économique du digima ?