Après avoir longuement hésité à taquiner le mulot, Jacques Chirac le président-candidat à sa propre succession s’est lancé dans une opération de vaste conquête du champ numérique. Ce nouveau président qu’on nous a fabriqué le temps d’une campagne est soudain partout où ça se " passe ", du côté des nouvelles technologies. Une interview au journal du Net par ci, un " chat " sur Caramail par là (mercredi 12 mars) et, last but not least, une " soirée avec les internautes " annoncée pour la fête de l’Internet, le 23 mars ! Pour avoir le bonheur d’y participer, il faudra, cependant en passer par les fourches caudines de l’abonnement au site de campagne du candidat. Afin de recevoir une invitation. Les collecteurs d’adresses de courriel s’y retrouveront.
Tout cela est bel et bien programmé, et fleure la cure de rajeunissement de l’image présidentielle, voire l’opération de chirurgie esthétique. Tout cela s’inscrit dans une stratégie de conquête segmentée de l’électorat qui pousse les candidats à fabriquer des catégories électorales micro-sociologiques sur mesure, puisqu’ils ne sont plus capables de porter un discours à l’adresse d’un pays, d’une communauté de destin. Quand feront-ils donc la cour aux internautes " chatteurs " plutôt qu’aux internautes " courrieleurs ", aux surfeurs désordonnés plutôt qu’aux méticuleux du réseau ? Demain, sans aucun doute. Et si l’on ne sait toujours pas ce que Jacques Chirac fait avec son mulot, on est assuré, pour le moins, qu’il a appris à caresser les internautes dans le sens du poil.