Les jeunes internautes américains dévoilent aisément leur vie privée et celle de leurs parents, dès qu’il y a un cadeau à la clé... C’est ce que révèle une enquête, menée par l’université de Pennsylvanie et qui fait grand bruit aux ...tats-Unis.
Faut-il se méfier des enfants internautes ? Une enquête américaine, intitulée "L’Internet et la famille 2000" et publiée récemment par l’université de Pennsylvanie, a de quoi rendre parano. Selon Joseph Turow, professeur en information et communication qui a mené l’étude pour le compte du Centre Annenberg de politique publique, les jeunes enfants comme les adolescents internautes sont de dangereuses balances. Une grande majorité des chers petits affirme ainsi ne pas hésiter à divulguer des informations sur leur famille, à partir du moment où il y a un cadeau à la clé. Du pain bénit pour les marketeurs de la nouvelle économie, toujours à l’affût du moindre indice pour mieux cibler leurs clients potentiels...
Car cette enquête, réalisée en janvier et février derniers auprès de 1 001 parents d’enfants âgés de 8 à 17 ans et de 304 enfants (de 10 à 17 ans) connectés, regorge de chiffres inquiétants. Ainsi, près de deux jeunes américains sur trois sont prêts à donner le nom de leurs magasins favoris, 54 % les boutiques que fréquentent leurs parents et 44 % la marque de la voiture familiale. Aucun problème non plus (à 39 %) pour étaler au grand jour le montant de leur argent de poche, la teneur des débats politiques à la maison ou l’emploi du temps de la sainte famille le week-end.
Mieux informer les parents
Encore mieux (ou pire !) : chez les 10-17 ans, 31 % acceptent d’indiquer si leurs parents souffrent de problèmes de peau, 23 % combien de jours de travail leurs indignes géniteurs ont manqués l’année précédente, ou si papa est plus porté sur la bière que sur le vin. Détail troublant : le niveau de délation en ligne serait plus important chez les garçons que chez les filles et augmenterait avec l’âge - les 13-17 ans répondant plus facilement aux questionnaires indiscrets que les 10-12 ans.
Seul point positif révélé par l’enquête, la plupart des parents sont lucides : ils s’inquiètent de l’attitude de leurs surfeurs en herbe. Ainsi s’ils estiment à 85 % que l’Internet permet à leur progéniture de découvrir des "choses utiles", 74 % d’entre eux craignent - à juste titre - que leurs enfants ne livrent sur le Web des informations sur les bonnes et mauvaises habitudes de papa et maman. Malheureusement 46 % des parents ignorent que certains sites Web collectent des infos privées...
"Les parents doivent être mieux informés de la capacité du Web à traquer l’information sur l’internaute" indique le professeur Turow qui préconise dans son rapport d’indispensables discussions familiales sur les données qui peuvent ou ne doivent pas être communiquées via l’ordinateur. Selon lui, les adultes ne doivent rien ignorer des cookies et autres softwares capables de dénicher, à leur insu, des informations liées à leur vie privée.
La FTC américaine réagit
En l’absence d’une législation stricte, l’étude recommande par ailleurs le lancement d’une campagne d’envergure pour sensibiliser parents et enfants aux atteintes possibles à leur vie privée, via le Réseau. Aux ...tats-Unis, le Children Online Privacy Protection Act, qui a pris effet le mois dernier, concerne uniquement les enfants de moins de 13 ans et interdit qu’ils révèlent des données privées sans l’accord de leurs parents. Mais comment s’assurer de l’authenticité de cet autorisation ? Thierry Jarlet de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) l’assure : "Cette mesure n’est bien sûr pas fiable à 100 % puisqu’il est absolument impossible de vérifier qui se trouve réellement derrière l’ordinateur !"
L’étude américaine arrive en tout cas à point nommé : la Commission féderale du commerce (FTC) vient de rappeler que nombre de sites commerciaux ne respectaient pas la vie privée des internautes. Et elle a demandé, le 23 mai, au congrès de légiférer au plus tôt sur la protection de la vie privée sur Internet. En attendant quelques internautes babies risquent une bonne fessée...
L’intégralité du rapport de l’équipe du professeur Turow est disponible sur:
http://appcpenn.org/