Le site de Casino présente des failles en matière de sécurité. C’est ce que révèle le magazine en ligne Kitetoa : des informations confidentielles sur les clients du supermarché étaient facilement accessibles en ligne. Casino minimise la portée de l’"incident technique"...
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La confidentialité des infos clients ne semble pas constituer une priorité de Casino. Jusqu’à peu, on pouvait accéder sur c-mescourses.com (le site d’achat en ligne du groupe de distribution), à des informations pourtant strictement confidentielles. Pour peu qu’on fasse preuve de l’habileté d’un internaute un peu expérimenté, voilà qu’apparaissaient les listes de factures des clients de c-mescourses ! Rien ne manquait, puisque ces données étaient destinées aux livreurs : nom, prénom, adresse, téléphone, mail, code d’entrée de l’immeuble, numéro d’ascenseur et produits commandés en ligne... (voir
le document )
C’est un journaliste de kitetoa.com, site éditorial crée en 1997 et notamment spécialisé dans les informations relatives à la sécurité du Web, qui a découvert le pot aux roses "
en deux clics de souris". Aujourd’hui encore, effaré par la facilité de ce bidouillage, Kitetoa est formel : "
C’est clairement de l’incompétence." Il n’a pas joué au hacker et a utilisé un banal navigateur pour avoir accès à des données supposées protégées par le géant de la grande distribution. "
C’est un manque de respect pour le client, accuse le journaliste de Kitetoa.
Le patron de Casino doit certainement dépenser beaucoup en convoyage de fonds pour assurer la sécurité de l’argent dans les caisses. Je pense qu’il met zéro franc dans la sécurité de son site Internet !"
Bon joueur, il a, quelques jours avant de publier l’information, averti par mail les services techniques et les Webmestres de Casino. Mais personne ne lui a répondu. Aujourd’hui, alertée par l’intérêt des médias, la société stéphanoise a finalement réparé son erreur.
Un "incident à réparer"
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que du côté de Casino, on n’a pas cédé à la panique. "On est en train de regarder ça, c’est un incident à réparer", assurait calmement hier François Véron, directeur de Casino entreprise, la holding qui coiffe l’activité Internet du groupe. "C’est vrai que c’est quelque chose qui ne nous satisfait pas", convenait-il tout de même, avant d’ajouter sans se démonter : "Mais bon, il faut relativiser la portée de cette information : on n’a pas accès aux cartes bleues des clients." Les noms, coordonnées, mail et téléphone étant manifestement des informations anodines... Qu’on évoque le fait que les annonceurs de tous poils pouvaient avoir accès à des données consommateurs, et il constatait philosophe : "Ils peuvent le faire sur plein de sites."
Des "vieux fichiers" ?
Quant à l’administrateur du site, Teamlog, il ignore - ou feint d’ignorer - tout de cette histoire. M. Paturel, responsable du site, se contente d’affirmer : "Ça ne me dit rien. À ma connaissance, ce genre d’incident ne peut pas se produire." Manifestement, il n’a pas été mis au courant de l’affaire, ce qui en dit long sur l’état d’urgence qui agite le groupe Casino... Oui, finalement, ça lui dit peut-être quelque chose, mais lui aussi relativise : "Je crois que ça concerne des vieux fichiers qui ne sont plus utilisés par nos commerciaux." Voilà une nouvelle qui fera plaisir aux clients concernés, qui eux, n’ont changé ni d’adresse, ni de numéro de téléphone...
L’"incident" a été réparé. Mais les clients de c-mescourses dont les factures détaillées ont été exposées aux quatre vents seront-ils informés de ce désagrément ? On en doute. En tout cas, François Véron ne promettait rien : "Ça dépend." Avant d’admettre : "Pas si l’on arrive à corriger rapidement le tir." C’est que pour rien au monde, il ne voudrait effrayer sa clientèle, car, affirme-t-il, "les gens ont déjà tellement peur de l’Internet".
Une faille de sécurité fait fermer le site de PowerGen
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Un manquement à la sécurité des fichiers clients a carrément provoqué la fermeture du site de PowerGen, une compagnie d’électricité britannique. Il faut dire qu’il était de taille : suite à une erreur technique, on pouvait, entre autres, avoir accès aux numéros de compte et de cartes bancaires des clients de la société !
C’est un client de Leicester (Angleterre), John Chamberlain, par ailleurs informaticien, qui a découvert avec stupéfaction les fichiers cachés, alors qu’il était en train de payer sa facture en ligne. Il a aussitôt prévenu PowerGen, avant d’alerter la BBC.
Dans un premier temps, la compagnie a nié en bloc, accusant même à demi-mot Chamberlain de s’être introduit de manière illégale sur son site. Aujourd’hui, devant l’évidence, elle a le front bas. Elle a fermé le site, s’excuse auprès de son aimable clientèle et promet de rembourser les dommages occasionnés. Manifestement, PowerGen estime qu’ils peuvent s’avérer importants, car dans son communiqué la société conseille instamment à ses clients de "changer leurs numéros de cartes bancaires" !
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