Canal+... de grève !
Les salariés de Canal Numédia feront grève demain pour réagir à un plan social factice déguisé en "accord d’accompagnement" signé en juin dernier.
"C’est Canal+ qui se fissure", affirme Fabrice Rhodes, administrateur réseau et délégué syndical à Canal Numédia, la filiale internet de Canal+. En réaction à l’"accord d’accompagnement social" signé en juin dernier, les salariés de Canal Numédia ont décidé de faire grève à l’appel du syndicat SNRT-CGT Canal+. Le mouvement commencera par une démonstration de force vendredi 27 septembre à 10 h30 devant les locaux de Canal+, dans le quinzième arrondissement de Paris. Puis il se poursuivra devant le siège de Canal Numedia, à Montparnasse, avant de se terminer devant le siège de Vivendi Universal, avenue de Friedland.
217 équivalents temps plein
"L’accord d’entreprise signé à la va-vite par certains syndicats et prévoyant la suppression de 217 équivalents temps plein est en fait un plan social factice, déplore un communiqué de la CGT : justifications insignifiantes, mises en mobilité arbitraires." "Canal Numédia fait partie des branches les plus durement touchées, analyse Fabrice Rhodes. C’est normal, cela correspond à la volonté de Vivendi de se séparer des activités Internet. Nous sommes les premiers, mais c’est l’ensemble du groupe qui est visé. On a investi 25 millions de francs l’année dernière dans une plate-forme technique... Aujourd’hui, changement de stratégie, ils décident d’externaliser la plate-forme." Et proposent de reclasser les trois employés concernés par ces changements au sein de l’hébergeur américain Exodus... qui a déposé le bilan aujourd’hui.
Le bord du chemin
Cerise sur le gâteau : la direction de Canal+ vient d’annoncer la délocalisation de l’ensemble du groupe à Louveciennes, une charmante bourgade des Yvelines, située à une quinzaine de kilomètres de Paris. "20 % au moins du personnel ne pourra pas suivre. Sur un effectif de 3 000 personnes, c’est énorme", estime Fabrice Rhodes, qui soupçonne le groupe d’en profiter pour faire le ménage parmi les salariés. S’il est traditionnellement difficile de mettre la vingtaine d’unités qui composent le groupe Canal+ en grève, cette dernière mesure pourrait bien être celle qui fédère les troupes. Le mouvement annoncé pour demain est reconductible lundi et mardi. Et pourrait bien faire, très rapidement, boule-de-neige au sein de salariés très énervés par les méthodes à la Vivendi. Qui démentent les propos sereins d’un Jean-Marie Messier qui annonçait sans ciller à l’annonce du plan social : "Personne ne restera sur le bord du chemin."