Auteur de plusieurs livres, Olivier Andrieu est un spécialiste du référencement.
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
En 1993. Je faisais de la veille technologique dans le domaine des télécoms et j’ai vu arriver l’e-mail, Gopher, le Web, etc. Difficile de résister !
Pourquoi vous êtes vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
Le déclic a clairement été la découverte du logiciel Mosaic (l’ancêtre de Netscape Navigator et d’Internet Explorer) et donc du Web qui en était à ses balbutiements en 1993. Après avoir passé de longues années dans le domaine du Minitel, il m’a semblé que venait de naître la nouvelle génération d’outils de communication, couplée à l’e-mail qui répondait à de nombreux besoins dans le monde. Je me souviendrai souvent de la présentation de Mosaic qui m’a été faite à l’université de Strasbourg par des chercheurs. J’étais scotché ! J’ai été séduit en quelques minutes et persuadé que ces nouveaux outils allaient éclater au niveau mondial et qu’il fallait suivre cette voie. Du coup, mon premier livre sur le sujet est paru en 1994 (j’avais cherché à me renseigner sur le sujet et n’avais rien trouvé en français !).
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
En 1993, j’ai compris que ca ne pouvait que décoller dans les années qui suivraient. Le domaine professionnel a suivi rapidement. A mon avis, le domaine grand public n’a pas encore décollé pour l’instant.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Comme d’habitude ;-) : des livres, des articles, je maintenais à jour mon site, etc. Je faisais également du référencement de sites web. Mais j’ai arrêté depuis, car j’estime qu’il n’y aura bientôt plus de place sur ce créneau pour des travailleurs indépendants, ce que je suis.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
C’était, je pense, tout à fait prévisible, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, certains projets étaient bâtis sur du sable et n’auraient jamais dû recevoir les fonds nécessaires à leur création. Avec un minimum de connaissances du monde de l’Internet, les bailleurs de fonds n’auraient jamais aidé ces projets qui n’étaient, pour la plupart, pas viables et ce de façon évidente. Mais si les investisseurs étaient très forts côté finances, il semble qu’il n’en était pas de même côté Internet... Ensuite, espérer financer des sites web à 100 % par la publicité, alors que le marché grand public n’était pas mûr, était une utopie. On voit, hélas, ce qui est arrivé. Je n’arrive toujours pas à comprendre, plusieurs mois après, comment certains créateurs de start-up ont pu lever des millions de francs avec ce type de business model (lorsqu’il y en avait un). Pour moi, cela reste une énigme comme le monstre du Loch Ness ou les immenses dessins de Nazca !
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Le fait qu’ils aient reçu de l’argent ! Et lorsqu’ils ont tout grillé en publicités télévisées que regardaient des personnes qui n’étaient pas connectées sur Internet, il a bien fallu mettre la clé sous la porte... Je ne suis pas sûr de caricaturer tant que cela... Franchement, les projets qui tenaient la route sont encore là aujourd’hui. Les autres sont partis. Il est malheureusement dommage que les projets sérieux qui sont sortis, ou qui ont évolué sur les douze derniers mois, aient eu du mal à lever à leur tour de l’argent, les investisseurs se basant dans leur réflexion sur la chute préalable des dotcoms "bidons" à une certaine époque.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Des livres, des articles et je mets à jour mon site qui n’a jamais été basé sur un business model axé sur la publicité. Cela dit, je suis installé en libéral dans un petit village alsacien. J’ai peu de besoins :-).
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Bien sûr, et plus que jamais ! Ce n’est qu’aujourd’hui que le Réseau entre dans une réelle phase de maturité. C’est aujourd’hui qu’il faut investir sans obligatoirement suivre les "modes". Il y a encore tant à faire !
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Bien sûr, les deux ont leur place, puisqu’ils sont totalement complémentaires. Mais le commerce en ligne ne trouvera son essor que lorsque le taux de pénétration d’Internet sera bien plus fort qu’aujourd’hui et que la "ménagère de moins de 50 ans" l’utilisera. Et cela viendra de façon certaine, il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement. Mais il faut encore attendre quelques années, je pense. Le réel commerce électronique est beaucoup plus dans le B2B aujourd’hui. Je pense que tout le monde en est conscient.
Comment voyez-vous les années à venir ?
De plus en plus de croissance, de plus en plus d’applicatifs intéressants, de plus en plus de gens connectés, donc de plus en plus d’emplois créés. L’idéal serait que l’outil s’adapte de plus en plus à l’utilisateur et non le contraire. Espérons qu’il en sera ainsi !
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la " netéconomie " ?
Euh, ben désolé, mais je n’y ai jamais cru, en fait. Je n’ai jamais véritablement compris en quoi la "nouvelle économie" était nouvelle ? Le terme "économie issue d’Internet" m’aurait semblé plus juste. Mais Internet n’invente rien de nouveau en règle générale. Il recycle, adapte, fait évoluer mais il ne crée pas de réflexes nouveaux d’achat, d’embauche, de nouveau métier, etc. Tout ce que l’on fait sur Internet n’est qu’une évolution de ce que l’on faisait avant dans "la vraie vie" ou en dehors d’Internet, rien de plus. Vouloir présenter Internet comme une révolution est une erreur, je pense. C’est un nouveau média que nous devons tous apprendre à domestiquer, à apprivoiser.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
La principale est, bien entendu, le haut débit illimité pour tous. Et donc : "haut débit" avec des applicatifs extraordinaires qui pourront être imaginés, "illimité" car il n’y a pas d’autre alternative à mon avis que la connexion 24h/24 au forfait, et "pour tous" afin qu’il n’y ait pas de fracture sociale sur l’Internet. Tous les niveaux sociaux et tous les sites géographiques doivent pouvoir y accéder. C’est, à mon avis, primordial !