La liste de discussion Bugtraq publie un code permettant de pirater des machines tournant sous BSD, un système d’exploitation réputé inviolable. Pourtant, les auteurs du code avaient spécifié qu’ils s’opposaient à sa publication...
Il y a comme ça des systèmes d’exploitation dont les promoteurs disent qu’ils sont inviolables. Notamment à distance. C’est peu ou prou le cas de BSD. Manque de chance, il y a déjà un peu plus d’un an, une vulnérabilité théorique était découverte dans un bout de l’OS (le démon Telnet). Jusqu’ici, personne n’avait su exploiter (simplement) ce défaut. Or, en juin, TESO, une équipe de hackers avait trouvé un moyen. Les premières lignes de l’"exploit", le code permettant de pirater une machine étaient les suivantes :
/* 7350854 - x86/bsd telnetd remote root exploit
*
* TESO CONFIDENTIAL - SOURCE MATERIALS
*
* This is unpublished proprietary source code of TESO Security.
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* The contents of these coded instructions, statements and computer
* programs may not be disclosed to third parties, copied or duplicated in
* any form, in whole or in part, without the prior written permission of
* TESO Security. This includes especially the Bugtraq mailing list, the
* www.hack.co.za website and any public exploit archive.
*
* (C) COPYRIGHT TESO Security, 2001
* All Rights Reserved
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* bug found by scut 2001/06/09
* further research by smiler, zip, lorian and me.
* thanks to zip’s cool friend for giving me a testbed to play on
La guerre du full diclosure est repartie
En clair, les auteurs refusaient catégoriquement que leur travail de recherche soit publié sans leur consentement, et, plus particulièrement dans la mailing list Bugtraq. Visiblement, les responsables de Bugtraq n’ont pas jugé utile de respecter ce souhait puisque l’"exploit" a été posté tel quel (avec les premières lignes en question), le 24 juillet. Rappelons que, dans les milieux hackers, deux points de vue s’opposent fortement. C’était déjà le cas dans l’affaire code rouge, les promoteurs du concept de full diclosure assurent qu’il est impératif de distribuer l’"exploit" afin que les machines soient protégées. De l’autre côté, ceux qui prônent la non publication des bugs et autres exploits s’offusquent de voir ce code passer dans les mains des script kiddies – ces gamins qui jouent aux pirates mais utilisent les outils codés par les experts –, par le biais de Bugtraq. Bref, la guerre est repartie.
Incompréhension mutuelle
Les partisans du full diclosure se demandent, toutefois, comment l’"exploit" est parvenue jusqu’aux éditeurs de Bugtraq, et pourquoi elle s’échangeait sur l’IRC, depuis une semaine. Il semblerait que le code de l’exploit se trouvait sur un serveur auquel des script kiddies aient pu avoir accès. Quoi qu’il en soit, Aleph1, le modérateur de la liste BugTraq a fait amende honorable, ce matin, en postant un message d’excuse. Il explique que "c’était une erreur d’approuver et de poster ce message, dans la liste, puisqu’il est clairement inscrit dans les commentaires de l’exploit qu’elle ne doit pas être distribuée. Je m’en excuse. Ceci dit, il est assez évident qu’elle a été échangée dans l’underground depuis un moment et qu’elle a été utilisée pour pirater des systèmes. Il vaudrait mieux protéger les exploits que l’on ne souhaite pas voir être distribués." Un hacker s’interroge, quant à lui, sur le site Anti.security.is : le Digital Millennium Copyright Act (DMCA) impose aux hackers de ne pas procéder au reverse engineering (revenir au code source des applications pour y trouver des failles) pour des raisons de copyright. En revanche, souligne-t-il, lorsqu’un hacker inscrit un copyright sur son travail, celui-ci n’est pas respecté. L’incompréhension mutuelle n’est pas prête de se résorber...