À partir du 1er janvier 2001, les consommateurs pourront théoriquement choisir leur opérateur pour les appels locaux, d’après le décret du 13 septembre sur le partage de la boucle locale. Mais dans la pratique, ce sera beaucoup plus tard...
Le calme est revenu chez les opérateurs de télécommunications après la parution la semaine dernière au Journal Officiel du décret sur le dégroupage de la boucle locale. À partir du 1er janvier 2001, France Télécom perdra son monopole sur le tronçon de ligne qui relie votre téléphone au premier commutateur et par qui passe toutes vos télécommunications. Cette annonce était très attendue. À Hourtin, il y quelques semaines, le commissaire européen chargé des télécommunications avait menacé d’agir par règlement si la France n’appliquait pas rapidement la directive en vigueur sur la fin du monopole des opérateurs historiques.
Un marché énorme
C’est que la concurrence piaffe. 27 opérateurs lorgnent sur les 56 milliards de francs (statistiques 1999) du marché des appels locaux. Ce maillon juteux du réseau téléphonique représenterait un tiers des profits de France Télécom. Et le marché ne cesse de progresser avec Internet . 9Télécom, par exemple, qui a misé sur les liaisons de type ADSL (utilisant donc le câble en cuivre des installations téléphoniques traditionnelles), se réjouit dans un communiqué de "pouvoir proposer bientôt des offres Internet à haut débit en accédant directement aux clients". La société ajoute qu’elle sera "très vigilante sur les niveaux tarifaires du dégroupage".
Quels changements pour le client ?
Il reste à définir les modalités d’ouverture à la concurrence de la boucle locale. Et les opérateurs et les clients ne sont sans doute pas près de pouvoir se passer de France Télécom. Comme le souligne Bruno Salgues, enseignant-chercheur à l’Institut National des Télécommunications, "le modèle de partage de la boucle locale n’est pas fixé. S’agira-t-il d’une véritable co-propriété du fil de cuivre, comme en Allemagne, ou d’une co-location, comme le laisse entendre l’ART ? Et dans ce cas, si un client a un problème avec sa ligne, quel opérateur se déplacera ?". Guillaume Lacroix, rédacteur en chef du guide comparatif www.comparatel.fr, précise que "la répercussion sur le prix est différente selon que les opérateurs paient à la minute ou un forfait". Des interrogations que France Télécom ne se prive pas de relever, afin de peser sur les négociations en cours à l’Autorité de régulation des télécommunications (ART). Cette instance doit afficher, avant le 1er novembre, la formule et le tarif pour les opérateurs désireux de concurrencer France Télécom sur les appels locaux (y compris les connexions à Internet). Ce qui renvoie, au mieux, les premières offensives commerciales au printemps 2001.