Juriste de formation, Jean-Christophe Le Toquin est le porte-parole des professionnels de l’accès. Pas toujours facile.
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
Septembre 96, quand j’étais le juriste d’Havas On Line.
Pourquoi vous êtes vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
Hasard professionnel, en fait. J’étais recruté pour l’activité CD-Rom d’Havas Edition Electronique.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Dès le début, on croyait dans notre projet d’un accès Internet grand public (HOL avait lancé, à l’époque, le forfait le moins cher du marché, à 65 F... mais à l’époque les communications téléphoniques n’étaient pas comprises !).
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
À l’AFA, on a continué à travailler sur les mêmes problématiques qu’auparavant (contrôle des pages personnelles, rôle des fournisseurs d’accès par rapport aux contenus qui transitent sur Internet), mais la période d’euphorie capitalistique d’Internet a accentué fortement les tensions contre Internet, en général, et les prestataires techniques en particulier. Le cas Napster et l’affaire Yahoo ! en sont deux illustrations emblématiques.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Cette frénésie n’était, à l’évidence, pas raisonnée. Elle était, en tout cas pour moi, au-delà de mes capacités personnelles de compréhension. Mais au-delà de la question purement financière, cette période a permis à une jeune génération d’avoir sa chance. Elle a permis, je crois, d’assouplir un peu les rigidités culturelles dans le monde du travail, notamment qu’il ne fallait pas forcément avoir un parcours scolaire ou professionnel en béton armé pour avoir du talent.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Quelque part, un analyste qui disait "on fonce, on fonce, on fonce ! ", a dit un jour "euh... voyons voir... !", et le bouche à oreille entre analystes a fait le reste. Et l’on sait que le bouche à oreille sur Internet est particulièrement efficace.
Que faites-vous aujourd’hui ?
La même chose qu’à l’époque, avec juste plus d’expérience pour aborder les mêmes sujets, et plus de sérénité dans la mesure où les débats ne sont plus biaisés par l’impression que les intermédiaires techniques gagnent des monceaux d’argent.
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Toujours autant.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Web non marchand ne veut pas dire gratuit ou à perte. Comme pour le Web marchand, à une prestation correspond un prix. Dès lors, il n’y a pas de raison, il me semble, de ne pas y croire. Le succès ou l’échec ne dépendra pas du concept, mais des individus qui le développeront. Quant au commerce en ligne, il a vocation à enrichir et compléter l’offre proposée par le commerce traditionnel, dans cette perspective comment ne pas y croire ?
Comment voyez-vous les années à venir ?
Comme une période où les esprits vont mûrir, se calmer, relativiser les chances et les risques d’Internet. Par exemple, pour l’économie, ne pas attendre des miracles en termes de profits ni croire qu’Internet c’est forcément l’enfer. Pour les libertés publiques, accepter que la nouvelle liberté de communication donnée aux citoyens par Internet ne signe pas l’arrêt de mort des démocraties occidentales, et que celles-ci sont, en l’état, déjà très bien armées pour faire face à cette nouvelle donne (encore heureux !). Pour la société, en général, comprendre que sur Internet comme ailleurs, les polices, les juges, le Parlement, le gouvernement et les citoyens doivent garder chacun leur rôle et ne surtout pas le déléguer à d’autres, ou laisser d’autres se saisir de leurs prérogatives.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la "netéconomie" ?
Je ne suis pas économiste, mais je ne me fais pas de souci pour l’économie des activités représentées par l’AFA (fournisseur de réseaux, d’accès, hébergeurs, portails)
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
Dans l’immédiat, l’important est de continuer à démocratiser l’usage d’Internet. On espère que 2002 permettra d’avancer significativement sur les abonnements bas débit illimités et ADSL. Un Internet très grand public permettra aussi aux hommes politiques de mieux prendre en compte le caractère universel de ce moyen de communication, de se sentir plus familier avec lui, et de le dédramatiser. Pour le législateur, cela lui permettra de mieux percevoir que ses décisions n’impactent pas des internautes virtuels mais ses propres électeurs. Ensuite, il y aura l’Internet mobile GPRS et UMTS... mais même si le GPRS est proche, bien malin qui pourra dire l’avenir.
Jean-Christophe Le Toquin
Délégué Permanent
AFA - Association des Fournisseurs d’Accès et de Services Internet
http://www.afa-france.com http://www.pointdecontact.org
L’AFA est membre fondateur http://www.euroispa.org
et vice-Présidente http://www.inhope.org
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