Un site porno utilise frauduleusement le nom de Bertrand Delanoë, candidat PS à la mairie de Paris, comme adresse Internet. L’affaire a été portée devant le tribunal de grande instance de Paris.
Mais que vient faire le nom de Bertrand Delanoë dans l’url (adresse Internet) d’un site pornographique ? C’est la question qui est au centre d’une affaire judiciaire occupant, depuis deux mois, Pierre Emmanuel Jean, l’avocat du candidat socialiste à la mairie de Paris.
"Au début, nous avons cru que l’utilisation du nom de Bertrand Delanoë était un hasard ou l’œuvre d’un hacker, mais il apparaît maintenant qu’il a bien été utilisé pour augmenter le trafic du site" constate l’avocat étonné. Déjà, il y a quelques semaines et dans le même dessein, on découvrait avec amusement l’utilisation du nom de Pamela Anderson dans les mots clés du site de Françoise de Panafieu, l’ex-candidate à la mairie de Paris (lire Pamela Anderson se cache toujours chez Panafieu). Cette fois-ci l’histoire s’inverse, mais en beaucoup moins drôle et au grand désagrément du prétendant socialiste.
Un moteur de recherche scrupuleux
Tout commence il y a quelques semaines, lorsqu’une société cherche à référencer un site (http://www.geocities.com/bertranddelanoe) auprès de Nomade. Le "formulaire de soumission" réglementaire à tout référencement est alors posté au moteur de recherche francophone qui procède aussitôt à son étude. "Lorsque nous recevons une demande, nous vérifions également le contenu pour savoir s’il est en adéquation avec le descriptif rempli par le demandeur" explique Pauline Tourneur, la responsable de la documentation de Nomade. Dans ce cas, le contenu équivoque du site ne fait aucun doute. Ses deux pages, maintenant supprimées, affichaient des thèmes et des images pornographiques ainsi qu’une trentaine de liens renvoyant sur des sites du même acabit. Nomade refuse alors le référencement et alerte aussitôt le Webmaster du site officiel de Bertrand Delanoë. Après une petite enquête, l’équipe de campagne du candidat découvre que le site est édité par Kohiba Multimédia, une société de conception de sites Internet. De même, en testant l’adresse du site sur tous les moteurs de recherche français et internationaux, seul Altavista, moins scrupuleux que Nomade, référence le portail litigieux. Une seule information manque encore : l’identité de l’auteur du site.
Assignation en référé
Le 31 mai, l’avocat de Delanoë assigne donc en référé Kohiba Multimédia, Altavista, Geocities et même, chose rare, Nomade. En effet, faute d’une réponse de l’hébergeur américain Geocities, seule entreprise à même de communiquer l’identité de l’auteur (sur injonction du juge), c’est le moteur de recherche qui est cité à comparaître. Pierre Emmanuel Jean demande alors à Nomade de lui transmettre l’identité de la personne qui a cherché à faire référencer le site. Il sollicite également auprès d’Altavista la suppression de son lien sur le site. Il demande aussi à Kohiba Multimédia de retirer ses liens sur la trentaine de sites pornographiques référencés. En outre, l’avocat réclame 500 000 F de dommages et Intérêts à Geocities, Altavista et Kohiba Multimédia. L’affaire, portée devant le tribunal de grande instance de Paris, a déjà fait l’objet de deux audiences successives présidées par le juge Jean-Jacques Gomez.
Querelles d’avocats
Lors de la dernière audience (le 6 juillet 2000), l’ambiance a chauffé entre les avocats de Bertrand Delanoë et Alain Bensoussan, l’avocat de Nomade. Ils n’étaient pas d’accord, entre autres choses, pour que l’audience soit reportée à la demande de Pascaline Neveu, l’avocate de Kohiba Multimédia. Débordée, elle a affirmé n’avoir pas eu suffisamment de temps pour préparer la défense de ses clients. Contacté par Transfert, le gérant de Kohiba Multimédia n’a pas souhaité s’exprimer sur la question. Finalement, le juge a tranché : une troisième rencontre au sommet - la dernière ? - aura lieu à la mi-juillet.