Déjà alliés dans la boucle locale radio, Suez-Lyonnaise et Bernard Arnault renforcent leur partenariat : Suez prend un tiers du capital d’europatweb, le holding de contenus internet de Bernard Arnault. Celui-ci entre en retour dans le consortium, candidat à l’attribution d’une licence de téléphonie à haut débit (UMTS) en France.
Dans les technologies de l’information, l’heure est décidément aux flirts contenant-contenu. Bernard Arnault voulait assurer un débouché sur le téléphone haut débit aux contenus internet qu’il a agrégés dans europatweb, son holding personnel. Gérard Mestrallet, patron de Lyonnaise-Suez, souhaitait, lui, mieux maîtriser des contenus susceptibles d’attirer des internautes sur ses réseaux fixes, câblés (Noos) ou télévisés (M6), aujourd’hui, et mobiles demain. Déjà complices dans la boucle locale radio à haut débit, les deux hommes ont donc poussé plus loin leur convergence.
Annoncé ce lundi 20 novembre, à l’hôtel Royal Monceau de Paris, le deal qualifié de "stratégique" pèse environ 300 millions d’euros de part et d’autre. D’un côté, pour cette somme, Groupe Arnault prend 10 % de la société contrôlée par Suez, qui détient elle-même 60 % (contre 40 % au groupe espagnol Telefónica) de ST3G. Ce consortium est candidat à une licence de téléphonie mobile de troisième génération (UMTS) en France. De l’autre, le Groupe Lyonnaise-Suez obtient, via une augmentation de capital d’un montant de 300 millions d’euros, 30 % du capital d’une nouvelle société, dans laquelle seront intégrées 46 participations dans des sociétés de l’Internet ( à l’exception de Liberty Surf, Zebank, E-luxury, et Akka Technologies) détenues par l’actuel europatweb.
 Julien Chambaud |
Prenant la parole en alternance dans un numéro bien rodé - Gérard Mestrallet saluant "
l’anticipation et la vision" de Bernard Arnault, celui-ci rendant hommage à "
l’esprit entrepreneurial" du premier -, les deux hommes ont ensuite expliqué tout le bien qu’ils attendent d’une alliance appelée à devenir "
un acteur majeur de l’Internet mobile". Selon eux, l’enjeu est vaste : "
Les hauts débits vont transformer les marchés de la télécommunication en augmentant de manière exponentielle le nombre des services offerts", a promis Bernard Arnault.
Gérard Mestrallet a affirmé que l’arrivée du Groupe Arnault dans le consortium candidat à une licence UMTS avait obtenu l’aval de Telefónica, et que ledit consortium peut encore "s‘ouvrir à l’international". On a aussi appris que ce sont les actionnaires de Liberty Surf, et non ceux de Suez, qui avaient tenu à ce que le fournisseur d’accès gratuit soit exclu de l’accord conclu. Mais que des accords commerciaux seront passés entre la nouvelle entité et Liberty Surf. Idem pour Zebank.
Bernard Arnault a, lui, assuré que les premiers contacts avaient été noués en juin, "ce qui a contribué à la décision de reporter l’introduction en Bourse d’europatweb". Le patron de LVMH n’a pas souhaité s’étendre sur d’éventuelles tractations parallèles avec Vivendi. Il a cependant précisé qu’il continuerait à siéger au conseil d’administration. Dans son entourage, on admettait pourtant l’existence de discussions, en glissant que le désir du groupe présidé par Jean-Marie Messier de prendre le contrôle d’europatweb avait mis fin aux pourparlers.
 Julien Chambaud |
Sur Liberty Surf, aujourd’hui "
massacré" en Bourse, Bernard Arnault maintient que c’est une "
grande réussite". "
Vous verrez, comme Canal +, après des débuts difficiles, la fin sera bien meilleure", a-t-il prédit. Quant à Zebank, dont il a exhibé, sous les crépitements des flashs, une carte Visa, "
ça va être une très grande réussite", a-t-il encore prophétisé. Se félicitant du "
pourcentage exceptionnel de réussite atteint dans ce métier difficile du capital-risque", le fondateur d’Europatweb a aussi estimé à 2 milliards d’euros la valeur de son holding internet : 900 millions d’euros pour le "nouveau" Europatweb, 400 millions d’euros pour Liberty Surf, 400 millions d’euros pour Zebank et 150 millions d’euros pour E-Luxury.