Bonne nouvelle : Internet va permettre aux clients des banques traditionnelles de renverser le rapport de force en leur faveur. Mauvaise nouvelle : au moment où leurs concurrentes européennes songent à débarquer dans l’hexagone, les banques françaises semblent déjà avoir pris du retard.
Les
banques flippent. Pourquoi ? Parce qu’Internet
change radicalement la donne bancaire, redistribue
les cartes et bouleverse les hiérarchies. Le
Web va en effet permettre aux particuliers, aujourd’hui
souvent en position d’infériorité
face à leurs banquiers, de renverser le rapport
de force en leur faveur.
Dores et déjà, il est possible,
en ligne, de consulter son compte, de commander un
chéquier, de faire opposition sur sa carte
bleue, dordonner un virement, de passer des
ordres en bourse. Et ça nest quun
début. La banque du futur sinvente en
ce moment au nord du 55ème parallèle,
en Scandinavie. Depuis octobre 1999, MeritaNordbanken,
cette banque suédo-finlandaise qui revendique
un million de clients internautes, propose (en collaboration
avec Nokia) une gamme de services accessibles depuis
les téléphones portables utilisant la
technologie WAP (Wireless Application Protocol). Depuis
son mobile, on peut donc régler une facture,
verser un peu dargent de poche sur le compte
de sa fille étudiante, gérer son compte-titres
Les marges des banques vont fondre
Les banques qui rateront le virage Internet risquent
de perdre leurs précieux clients en un temps
record. Les conditions dattribution des prêts
feront notamment la différence. Le candidat
à lemprunt, dici peu, naura
plus à quémander un rendez-vous auprès
de dix banques différentes avant de trouver
le produit financier qui lui convient. Un seul questionnaire
à remplir en ligne, envoyé en temps
réel à plusieurs établissements
Et ceux-ci devront rivaliser de rapidité pour
faire leur offre. Plus question pour les banquiers
de poser des conditions très strictes avec
lintention de négocier : il leur faudra
faire demblée loffre la plus alléchante
Daprès JP Morgan, une des plus grandes
banques d’affaires du monde, il faut sattendre
dans les années qui viennent à voir
les marges des banques fondre comme neige au soleil.
Ruée vers le Net
Doù le branle-bas de combat de ces derniers
mois. Venue des ...tats-Unis, la folie Internet
a accosté lEurope par le Royaume-Uni.
La Barclays et la Lloyds TSB ont décidé
de fermer des guichets pour se développer sur
le Net. Dans le même but, la néerlandaise
ABN Amro a décidé de supprimer 2 500
postes sur cinq ans. Les frontières entre les
métiers sestompent : lassureur
Prudential a lancé Ex nihilo sa banque en ligne,
Egg.
Ailleurs en Europe, on joue la complémentarité
télecommunications/banque. Deux mastodontes
espagnols, la banque BBVA
(Banco Bilbao Vizcaya Argentaria) et lopérateur
historique Telefonica
ont noué un partenariat technologique concrétisé
par une prise de participations croisées. Lannonce
du deal a dopé le prix des deux titres : les
investisseurs ont apprécié. Le gouvernement
espagnol a beaucoup moins apprécié,
en raison des problèmes de concurrence que
pose lopération. La semaine dernière,
Deutsche
Telekom divulguait une alliance du même
type entre sa filiale Internet et la banque en ligne
de Commerzbank, Comdirect.
Les banques françaises doivent sadapter
La France et lItalie sont à la traîne.
Banque
directe, filiale de BNP-Paribas, fait certes figure
de précurseur. Mais les banques françaises
hésitent encore à se mouiller. En France,
daprès lAssociation française
des banques (AFB),
on ne compte que 350 000 à 400 000 internautes
disposant dun compte bancaire on line. Ils sont
déjà 3,5 millions en Europe. Peut-être
le succès du minitel (8 millions dutilisateurs
pour des services bancaires) a-t-il retardé
lenvol dInternet.
Mais si elles tardent à sadapter, les
banques françaises risquent de vite le regretter.
Leurs concurrentes sapprêtent à
déferler sur tout le continent. Il revient
beaucoup moins cher de lancer un service en ligne
dans une langue étrangère que de bâtir
un réseau dagences dans un pays étranger.
Sans compter que plus les clients dune banque
font dopérations en ligne, moins ils
lui coûtent cher en frais généraux.
À vos marques, prêts