Jusqu’à mercredi, le festival des arts multimédia urbains, présente de nombreuses créations numériques... Ça se passe à Belfort. Au chaud dans les salons et parking de l’Atria, un centre de congrès. Au froid, aussi, quelques degrés autour de zéro, dans les rues. Petite balade subjective entre Net délires et Web art .
 Karine Portrait |
1 - Pendant un festival d’arts multimédia, il serait presque indécent de surfer avec une banale souris grise. Complètement ringard même. Ici, les curieux se servent de fer à repasser ou d’éponge ; et pour consulter un des Cd-Rom artistiques, il faut s’allonger dans un lit de camp recouvert de tissu rouge. Rien n’est laissé au hasard, ni même à la simplicité. Le détail tue.
 Karine Portrait |
2 - Cinq petites têtes en terre, peintes comme des statues primitives. Un gamin les attrape, les pousse et fait s’embrasser deux d’entre elles. La mère lui demande de se calmer. Mais le gamin a compris le principe : chaque rencontre provoque une discussion. Et des paroles sortent des coins de cette tente toute noire. Des paroles pas toujours compréhensibles oscillant entre poème et lecture biblique.
GH Hovagimyan, Peter Sinclair - Heartbreak Hotel
 Karine Portrait |
3 - Là, c’est l’humanité qui défile. Formant un huit très symétrique, des centaines de figurines sont censées nous raconter l’histoire du monde. En fond sonore, une méthode Assimil d’Anglais, référence, dixit le texte explicatif, aux multiples langues de la tour de Babel. L’artiste s’appelle Lydie. Dans un autre endroit, elle a aussi installé trois écrans superposés. Une femme allongée dans un décor d’étoiles semble y chuter sans fin.
Lydie Jean-dit Panel - Le Panlogon
 Karine Portrait |
4 - Le premier jour, déchargée, elle traînait à terre son plastique blanc. C’était presque triste. Quand elle s’est gonflée, un paysage vert, irréel, a pris place sur ses rondeurs. Et sincèrement, c’est joli une boule verte dans l’obscurité. En composant un numéro de téléphone, on peut la télécommander, lui demander de s’avancer, de reculer ou de tourner sur elle même. Amusant.
Atelier Loeil de l’école d’Aix-en-Provence - Rob’o
 Karine Portrait |
5 - Tout le monde l’adore. Une simple toile tendue avec au milieu une petite caméra et c’est le succès. Toute la journée, une grappe ou quelques personnes y sont collées. La gueule face à l’écran, interpellant les passants derrière. Des passants Parisiens, eux aussi filmés par webcam, et qui observent sur un autre écran les Belfortains. De temps en temps, une discussion s’installe. On se drague un peu, on rigole aussi. Un père de famille se veut pédagogue et explique avec de grands gestes : "
Ici, nous sommes à Belfort au festival multimédia." Le père de famille tombe sur un Parisien qui connaît la région. Et ça tchatche. Assis sur les canapés (à Belfort), un couple de vieux. La femme veut convaincre un mari dubitatif : "
Mais si c’est bien. Tout à l’heure, un Parisien nous a parlé de Morteau. Et nous on a dit : Ah oui Morteau, on connaît. La saucisse de Morteau, c’est connu."
Luc Courchesne - Rendez-vous sur les bancs publics
 Karine Portrait |
6 - Conanski est le seul humain cliquable 24h/24. Sur les marches de l’Atria, un homme dit à la femme qui l’accompagne : "
Tu vas voir, c’est génial. Il s’appelle Conanski." Et en plus c’est vrai, l’installation Conanski est drôle. On clique et l’artiste reçoit une claque. "
Délire nihiliste", explique l’auteur qui se définit tout simplement en "
homme foncièrement déprimé". Petite phrase assassine : "
Mon travail s’inspire de l’attitude du citoyen-consommateur et du geste qui tend maintenant à le résumer : le cliquage."
Loïc Conanski - Ma rétrospective
 Karine Portrait |
7 - Normalement, en bougeant les éléments de cette statue vénusienne aux parents célèbres, une musique aurait dû se déclencher. Sauf qu’à chaque fois, qu’on passait pour l’essayer, aucune note ne venait. Dommage, la femme était belle.
Arman, Tita Reut et Baboni Schilingi Jacopo - Intruments à gonds