British Telecom, l’opérateur historique du Royaume-Uni, complète son positionnement sur l’échiquier européen de l’Internet mobile en ouvrant un portail Web et WAP en France.
"Le WAP, c’est le minitel mobile. Il va encore évoluer. Avec le GPRS, on aura l’Internet mobile, et avec l’UMTS, ce sera le Web mobile." Jean-Baptiste Sers, directeur du développement industriel de Genie, n’a pas cherché à vendre son "Internet mobile" lorsqu’il a présenté à la presse, mercredi 28 février, le portail français de cette filiale de BT Wireless (75 %) et BT Group (25 %). En effet, même les opérateurs ont cessé de se voiler la face : le WAP n’est pas encore aussi navigable que le Web. Il faudra attendre les générations suivantes de téléphonie cellulaire.
Un portail ouvert
Genie, qui se définit comme un "portail ouvert" auquel on peut accéder depuis n’importe quel opérateur, met donc en avant son site Web, sur lequel on peut envoyer des messages courts (SMS) gratuits dans 120 pays du monde. C’est une opération coûteuse pour la jeune société, structure indépendante de la maison-mère, sachant que l’envoi d’un tel message est facturé en moyenne 60 centimes par l’opérateur. Mais Genie dit "poursuivre une stratégie industrielle de long terme", tout en se refusant à préciser s’il compte devenir, en France, un opérateur virtuel. Il y a fort à parier cependant qu’il se dirige vers cette voie : proposer des services sur une multiplicité de réseaux mobiles (Itineris, SFR, Bouygues...).
Cap sur la génération numérique
Par ailleurs, Genie ne fait pas la promotion de services extrêmement évolués, considérant qu’il faut d’abord s’habituer au terminal mobile avant de passer à une pratique plus complète : "Nous encourageons les utilisateurs à utiliser le SMS avant la couche WAP, explique Kent Thexton, le directeur général de l’entreprise. Comme cela, ils seront prêts quand les services de données arriveront." C’est une démarche qui convient parfaitement au cœur de cible de Genie, la "génération numérique" des 15-35 ans, et surtout les plus jeunes d’entre eux. Ce sont eux qui ont boosté le marché du SMS dans les pays scandinaves, et qui sont en train de reproduire l’expérience en Europe.
Quel modèle économique
La vraie inconnue, aujourd’hui, c’est le modèle économique de Genie. La division Internet mobile de BT a certes déjà converti au WAP un grand nombre d’usagers du téléphone mobile, alors que Vodafone, Vizzavi, peinent à décoller. Kent Thexton compare BT à l’opérateur historique japonais : "En neuf mois, NTT a convaincu 10 % de sa base de clientèle d’adopter l’i-Mode. Il n’a fallu que dix mois à UK CellNet (la filiale sans fil de BT au Royaume-Uni) pour atteindre le même pourcentage." En effet, le cabinet d’études Accenture publiait récemment une étude sur l’Internet mobile, consacrant le rôle de pionnier du Royaume-Uni. "C’est uniquement à BT qu’on le doit", confirme Alain Blancquart, directeur général d’Openwave, une société qui fournit des navigateurs WAP, partenaire de Genie. Mais cela ne rendra pas Genie rentable pour autant. En "période tranquille", l’entreprise ne divulgue pas de chiffres sur ses résultats. Kent Thexton n’a pas voulu non plus parler du schéma de partages des revenus générés par le trafic sur son portail pour BT CellNet. Espérons pour lui qu’il est avantageux, parce qu’avant de toucher le jackpot du véritable Internet mobile, il semble qu’il va falloir patienter un peu - en France, du moins.