Le ministère de l’Intérieur péruvien lance une chasse à l’homme sur Internet pour retrouver l’ancien chef des services secrets du pays. Mais il se serait déjà fait refaire la face...
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" Un ministère au service du pays ! ", annonce le bandeau qui déroule, sans fin, le slogan en haut de la page d’accueil du ministère de l’Intérieur du Pérou. En bas de l’écran, une photo, sous-titrée d’un unique mot incrusté en animation flash rouge- sang : " Buscado ". Wanted. Recherché. Comme jadis au pays des cow-boys, les affiches des détrousseurs de banques clouées aux murs des saloons.
La photo n’est pas un vulgaire cliché anthropométrique : Vladimiro Lenin Montesinos Sanchez, 55 ans, l’homme dont il est question, y figure en belle posture, digne et cravaté sous la lumière du flash. Mais cet ex- chef des services secrets péruviens, homme de confiance durant dix ans de l’ancien président démissionnaire Fujimori, peut se faire du souci. En fuite depuis le 29 octobre dernier, il est désormais repérable par n’importe quel internaute du bout du monde.
Interpol aux trousses
Accusé de trafic d’armes et de drogue, de corruption, d’abus d’autorité, d’enrichissement personnel illicite, de torture et autres crimes, il avait déjà Interpol aux trousses. Depuis le 27 décembre, les internautes du monde entier peuvent admirer son portrait sous plusieurs angles, avec et sans moustache, mémoriser sa signature, noter son numéro de passeport et de carte d’identité, envisager ses pistes de repli. Car un petit schéma montre aussi la piste de sa fuite, par la mer, à bord d’un yacht entre le Pérou et le Costa Rica.
Pour plus d’efficacité, les informations sur le fuyard sont aussi traduites en anglais. Au cas où... L’ensemble des informations disponibles sur cet homme qui avait déjà tenté une première sortie vers le Panama où l’asile politique lui a été refusé, et qui était donc revenu dans son pays, est organisé en six rubriques : informations personnelles, accusations, qui est-il, chronologie, ses différents visages. Sous la dernière, intitulée " Collaborez " figurent les numéros de téléphone du ministère de l’intérieur péruvien, du " bureau ad hoc Montesinos ", de la commission d’enquête du Congrès chargée de son cas ainsi qu’une adresse e-mail.
Chirurgie esthétique
La dernière piste suivie par les autorités péruviennes les a menées au Venezuela. Où le procureur général du pays, tout en assurant le Pérou d’une étroite collaboration dans les limites de ses compétences, risque de voir sa bonne volonté réduite à néant. Car, révèle le quotidien péruvien La Republica, un patient du nom de Manuel Antonio Rodriguez Pérez, l’une des identités d’emprunt connues du fuyard, aurait subi une opération de chirurgie esthétique dans une clinique vénézuélienne...