La communication de crise n’est visiblement pas le fort d’Atos. Tentative de décryptage des problèmes de cette SSII. Et ils sont nombreux.
"Pas de commentaires". Le président du directoire d’Atos, Bernard Bourigeaud, n’a pas souhaité fournir la moindre explication concernant les graves problèmes auxquels les équipes techniques de sa SSII sont confrontées depuis mercredi soir.
Puisqu’Atos s’est enfermée dans le mutisme, les observateurs, clients comme journalistes, sont contraints de décrypter le problème qui a touché le DNS de sips-atos.com en s’appuyant uniquement sur la logique. Plusieurs explications sont envisageables.
Puisque le nom de domaine apparaissait encore, jeudi matin, comme ayant expiré le 9 janvier 2001, il est possible qu’Atos ait tout simplement omis de racheter le nom à l’échéance. En théorie, Network Solutions International (NSI) prévient par mail les contacts techniques lorsque la durée de vie d’un nom de domaine expire. Mais si les techniciens ont quitté l’entreprise et que leur e-mail ne répond plus… Il est donc possible que NSI ait conservé le nom de domaine (elle ne l’a pas remis en vente), en laissant à Atos un délais qui aurait finalement duré deux mois. Ce qui aboutit à la situation de mercredi et de jeudi, quand le nom de domaine disparaît, in fine, des caches partout sur le Net, et que, peu à peu, plus personne ne peut accéder à www.sips-atos.com à moins de connaître le numéro IP du serveur (193.56.115.25).
Par ailleurs, les contacts administratifs et de paiement ont été modifiés, à plusieurs reprises, dans la journée de jeudi, sur les bases de NSI. Deux explications possibles : quelqu’un a racheté le nom de domaine sips-atos.com sans toucher aux DNS. Ce mystérieux nouveau propriétaire cherche peut-être à "signifier " à Atos qu’il détient ce nom de domaine en modifiant les contacts et en provoquant un court black-out. Une explication plausible, sauf que tout cela peut simplement être dû à un problème interne à NSI. Enfin, quelqu’un peut aussi pratiquer un hack (spoof) de DNS sur ce site. Qui sait ?
Sips-atos.com peut être hacké en un instant…
En tous cas, Atos n’a visiblement pas une culture très développée en matière de sécurité.
En effet, le site www.sips-atos.com peut être piraté en quelques instants. N’importe quel gamin peut en changer ou détruire le contenu. Pourtant la faille qui permet de prendre la main sur le serveur est ultra-connue : un patch a été émis par Microsoft il y a belle lurette. Nous avons proposé à Atos de leur expliquer ce problème, mais le sempiternel "pas de commentaires" nous a été opposé.
Au palmarès des plus belles bourdes techniques, Atos peut aisément prétendre au premier prix. En juillet 2000, un serveur Web raccordé à Internet et en accès libre stockait les identifiants et les mots de passe des clients d’une grosse banque en ligne française lorsque ces derniers se connectaient sur le serveur Web de l’établissement pour vérifier l’état de leur compte. Ces logins et mots de passe permettent de contrôler totalement le compte des clients. Sur ce serveur, devaient se trouver, à vue de nez, quelque 11.000 logins et mots de passe. Cela représente à peu près un sixième de la clientèle de ladite banque !
Mieux : au moment des faits, Atos n’avait plus de relations commerciales avec la banque . Prévenu de cette double aberration technique –identifiants et mots de passe en clair sur un serveur public et logs hors relation contractuelle-, le responsable Internet de la banque avait fait fermer le serveur d’Atos en quelques minutes. Cette affaire démontre qu’Atos dispose d’"une vraie culture informatique de gestion de projet", comme on dit dans les SSII. Dominique Illien, vice-président d’Atos Origin explique, lui, sur le site d’Atos que sa société est "la porte ouverte sur les technologies du troisième millénaire". Allez, encore un petit effort et c’est gagné !