La télévision numérique terrestre fait parler d’elle. Alors que Patrick Lelay, PDG de TF1, critique ouvertement le CSA, Anne Sinclair se fait le porte-parole d’une association qui réunit "ceux qui y croient".
La télévision numérique terrestre (TNT) finira-t-elle par arriver en France ? Son lancement est prévu pour 2002. Mais face aux reports successifs de calendrier, certains restent sceptiques. Et ne se gênent pas pour la critiquer. D’autres, en revanche, y croient dur comme fer. Petit rappel : grâce à la technique de "multiplexage", qui permet de faire passer plus de chaînes dans un même canal, la TNT permettra de recevoir 33 chaînes, sans recourir au câble ou au satellite. Pour en profiter, il faudra acheter un décodeur ou une télévision numérique. La TNT sera interactive : le téléspectateur pourra, par exemple, voter en direct lors d’un jeu, via sa télécommande. Enfin, la moitié des chaînes sera gratuite.
Approche "marxiste" ?
Mis sur pied depuis plusieurs années, le projet de la TNT tel que l’envisage le ministère de la Communication fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et ne fait pas que des heureux. Parmi les mécontents, Patrick Le Lay, PDG de TF1. Hier, mardi 6 novembre, lors d’une réunion de l’Electronic Business Group, il accusait le gouvernement d’adopter une "approche marxiste" de la télévision numérique terrestre. Ses critiques, reprises dans la newsletter du site Toutsurlacom, concernaient le mode de sélection des candidats, qui sera effectué par le CSA "et non par les téléspectateurs comme c’est le cas sur le câble et le satellite".
"Les Français sont prêts"
Mais tous les acteurs potentiels de la TNT ne sont pas aussi amers. C’est le cas des membres de la nouvelle association pour la télévision numérique. Créée le 6 novembre 2001, elle rassemble des acteurs de poids : côté programmes, on trouve les groupes AB, Bolloré, Lagardère Média, NRJ Group, Pathé, France télévision ; côté industriel, on trouve Netgem, qui fournit des technologies aux opérateurs de télévision et aux FAI (fournisseurs d’accès à Internet). Leur but ? "Faire entendre la voix de tous ceux qui y croient, mais qu’on entend rarement", déclare Anne Sinclair, déléguée générale de l’association, et conseillère du président de Netgem. Dans un premier temps, ses membres souhaitent communiquer et organiser des colloques "fédérateurs" sur la TNT. Une étape importante pour convaincre le public ses avantages. "C’est une autre façon d’envisager la télévision, affirme Anne Sinclair. Et ça va dans le sens de l’Histoire. Devant les programmes de Loft Story, on s’apercevait que les Français avaient envie d’interagir. La télévision numérique va aussi donner un coup de pouce à la société de l’information dont on parle tant : on accédera aux pages web avec une télécommande. Les Français sont prêts. Comme ils sont venus aux téléphones portables, ils viendront à la TV numérique. Je n’ai aucun doute là-dessus."