La Grande-Bretagne est décidément le pays du flicage sur Internet. Un nouveau projet de loi pourrait interdire de parler de sécurité informatique à moins d’y être dûment autorisé.
Un nouveau projet de loi britannique, destiné à réguler les métiers de videur de boîte de nuit ou encore de détective privé, pourrait limiter l’accès aux informations concernant la cryptologie et la sécurité informatique. Selon un message du célèbre cryptographe Ross Anderson, rapporté par le site OpenPGP, le Private Security Industry Bill propose que seuls des professionnels dûment assermentés puissent librement s’informer, et donner leur avis, dès qu’il est question de "mesures de sécurité en relation avec des atteintes aux personnes et à la propriété privée", ce qui inclut la sécurité informatique. Seraient exempts de telles mesures, les avocats et les comptables, voire, dans certaines conditions, les journalistes. Le projet de loi, en l’état, pourrait interdire aux universitaires, mais aussi aux consultants informatiques comme aux administrateurs systèmes, d’écrire sur ces sujets. Surtout, il criminaliserait le fait de publier des informations sans en avoir eu l’autorisation expresse des autorités.
La criminalisation du libre
Le seul moyen de se prémunir des virus ou des failles de sécurité présentes dans tel ou tel programme sera donc de faire appel à des agents dûment assermentés. Plus question, en revanche, d’aller lire ce qui se dit sur le Net. Or, ce sont généralement des hackers "bénévoles" qui mettent en exergue les failles de sécurité. Ils n’en auront plus le droit. Fini BugTraq, la mailing-list anglaise de référence en matière de sécurité informatique. Mais comment interdire à un Anglais de publier un texte hors des frontières de son pays, sur le Net, par exemple... Et comment faire confiance à des sociétés privées assermentées pour garantir l’intégrité de nos communications électroniques, alors même qu’elles passent généralement le plus clair de leur temps, et de leur argent, à faire la promo de leurs produits plutôt qu’à les sécuriser ? Et quid des logiciels libres, dont l’architecture repose justement sur le fait que tout le monde peut avoir accès aux codes sources, déceler les bugs et les corriger ? Si l’on en croit les premières informations sur ce projet de loi, il ne pourra plus y avoir de logiciels libres. Plus d’Internet non plus, d’ailleurs, à part celui qui sera "sécurisé" par les éditeurs de logiciels "propriétaires" avec l’aval des forces de l’ordre. Bref, un vaste supermarché hyper sécurisé. God save the cyber-Queen.