Le salon Networld Interop, qui s’est tenu la semaine passée à paris, se focalisait sur la peur du piratage informatique. Pour vendre des logiciels de sécurité, tout est bon. Même les vieux trucs de bonimenteur.
Ils sont partout. Ils sont subversifs. Ils sont dangereux. Ils sont sournois (forcément). Ce sont les hackers. L’édition 2000 de Networld Interop, salon des nouvelles technologies, était résolument focalisée sur ces êtres ultra dangereux. Le mot était martelé d’affiches en prospectus tout au long du parcours. " Défendez-vous ", " Hackerland contre Securiland "... Rien n’est épargné au pauvre visiteur qui finit forcément par voir des hackers partout. Et peu importe que l’on mélange allègrement hackers et pirates informatiques. Les journalistes, eux-mêmes n’étaient pas épargnés par ce matraquage. De nombreuses sociétés exposantes leur proposaient de venir assister à une démonstration de hack...
Duel moderne
Chez Top Layer Networks, société offrant des outils de sécurité informatique, on pouvait ainsi découvrir " l’anatomie d’un hack ". Cette démonstration qui devait se dérouler " en conditions réelles " et pendant laquelle un hacker allait " se livrer, en public, à une série d’intrusions ultra sophistiquées ", semblait fort intéressante. Par le titre alléché, Transfert s’est approché... Sur le stand, deux personnages se font face, clavier d’ordinateur sous les mains. Ils sont prêts pour ce duel moderne... Au milieu, un troisième Américain sert d’arbitre et de bateleur à la fois. Il présente les champions en présence. Á sa droite, " Ripper " (littéralement, l’éventreur, le tueur). Á sa gauche, le gentil administrateur de réseaux équipé d’une solution de protection Top Layer Networks moumoute... Derrière le bonimenteur, un écran sur lequel vont défiler des slides animés.
Attrape-gogo
Première surprise : d’une démonstration réelle, on revient à une démonstration plus qu’offline. De fait, " Ripper " lui-même signale pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué que son portable n’est pas connecté... Peu importe... Il se lance dans une attaque sophistiquée dont il semble avoir le secret. Re-surprise, il s’agit de la description, par slides interposés, d’une attaque de type Distributed Denial of Service (DDoS). Ces bombardements de serveurs sont connus depuis l’antiquité du Net et même du grand public depuis le ralentissement de février 2000 qui avait touché des sites connus comme Yahoo !, eBay ou E*Trade. Un truc qu’un gamin peut réaliser avec des outils téléchargés sur le Net. Mais ici, aucun logiciel d’attaque ne sera présenté. Ni aucune interface utilisateur du produit de Top Layer Network réagissant à l’attaque. Notre bateleur nous précise juste que l’administrateur du site protégé s’en sort à merveille tandis que celui qui s’occupe du serveur non protégé est au plus mal. Á nous de le croire sur parole... La seule chose certaine, c’est que Top Layer Networks voulait hacker les journalistes conviés à sa démo. De même que le salon voulait hacker l’esprit des visiteurs et leur faire croire que les hackers en voulaient à leurs réseaux.