ARCHIVES 1.09 - Tariq Krim, fondateur de mptrois.com : « Les majors ne savent pas utiliser le Web »
Non contentes de se faire piller par Napster, les maisons de disques ne savent pas comment promouvoir leurs artistes sur Internet. Tariq Krim, fondateur de mptrois.com, un site d’information sur la musique en ligne, explique pour quelles raisons.
Pourquoi voit-on si peu de clips musicaux sur Internet ?
En fait, il y en a des tonnes. Mais la plupart du temps, ils sont faits par des artistes indépendants, qui s’auto-produisent et du coup, les clips restent confidentiels. Les animations Flash permettent de réaliser un clip pour un coût dérisoire. De plus, c’est une technique évolutive : on peut facilement créer plusieurs versions de la même animation, dans des langues et pour des débits différents.
C’est un formidable outil de promotion pour les majors...
Oui, mais elles ne savent pas s’en servir. Ce n’est pas tellement de produire des clips en Flash qui leur pose problème. C’est de les distribuer sur le Web. Si tu passes sur MTV, tu entres dans les charts, c’est mécanique. Aucun site internet n’a ce pouvoir. Et puis, les contenus sont beaucoup plus vites consommés sur le Net qu’à la télé. Une animation qui fait marrer le monde entier sera oubliée une semaine plus tard. Si tu mets en place un circuit de promotion spécifique au Web, avec études de marché et pool de créatifs à l’appui, tu ne seras jamais sûr d’obtenir plus d’audience que trois types qui ont bidouillé leur clip dans leur coin. Personne ne sait utiliser Internet pour promouvoir massivement un artiste.
Il n’y aura donc pas d’exploitation industrielle du clip Flash par les maisons de disques ?
Ce n’est pas sûr. La généralisation du haut débit peut tout changer. Le business de la promotion musicale en ligne est comparable à la situation de l’industrie du hip-hop au début des années 80 : une diffusion anarchique, et des artistes qui sortent de nulle part pour faire un carton. Vingt ans après, tout ça s’est concentré, rationalisé, standardisé. La différence, c’est qu’à l’époque il fallait plusieurs milliers de dollars pour presser des vinyles et se faire connaître. Réaliser un clip pour le Net, c’est gratuit, ou presque.