Régis Jamin, 41 ans, dirige les activités européennes d’election.com. Cette société américaine a organisé des scrutins en ligne à Brest, pour le référendum
sur le quinquennat, et en Arizona, lors des Primaires du parti Démocrate.
Où en est le vote électronique en France ?
Le ministère de l’Intérieur déposera prochainement un appel d’offres afin d’étudier la possibilité du vote électronique en France. Que ce soit un vote dans les bureaux physiques ou à distance. Cette étape devrait durer deux ans. À la fin de l’année, le décret d’application de la loi sur la signature numérique sera publié. On pourra bientôt parler de carte d’électeur électronique...
Que répondez-vous à ceux qui pointent le problème de la sécurité des réseaux ?
Ces personnes ne sont pas des « technologistes ». Lorsque nous avons organisé des Primaires démocrates on line en Arizona, les votes étaient chiffrés avec une clef de 128 bits. Comme une transaction qui passe sur le Net en un millionième de seconde. Pour l’intercepter, il faut déjà être costaud. Ensuite, casser le cryptage prendrait plusieurs années à des spécialistes.
Et la transparence ?
Au moment où vous enregistrez votre vote sur Internet, il est transformé en chiffres. Les organisateurs techniques de l’élection ne disposent pas des clefs de déchiffrement. Elles sont réservées aux scrutateurs officiels. Qui changent selon le type d’élection. Si c’est une élection publique, c’est le président du bureau de vote qui la détient.
Brest a tenté l’expérience du scrutin en ligne, lors du référendum sur le quinquennat. Où étaient stockés les suffrages de ce vote ?
Sur le serveur d’election.com, situé dans un centre secret. Il bénéficiait d’un environnement hautement sécurisé. C’est un serveur anti-piratage en quelque sorte ! Depuis que nous avons démarré nos activités, nous avons répertorié une centaine d’attaques de hackers.
Le vote électronique doit inclure également un processus d’inscription en ligne des électeurs...
10 % des Français ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et les mairies ont un mal fou à les gérer. Un système automatisé permettrait de remédier à ces faiblesses. Cela éviterait aussi le problème du découpage en circonscriptions et de la fraude électorale...