Laurent Jesover, webmaster d’ATTAC, poursuit deux objectifs : animer un réseau international
et encourager l’initiative locale.
Assis sur une des chaises africaines de son bureau, Laurent Jesover raconte l’histoire d’ATTAC. Il en connaît chaque détail. C’est lui qui a imaginé le site et façonné les réseaux d’information. Son discours n’a rien de technique, ce rondouillard prolixe reste avant tout un militant.
Initiée en décembre 1997 par un édito d’Ignacio Ramonet, directeur du Monde Diplomatique, l’association anti-mondialisation connaît ses premières heures de gloire en luttant contre l’AMI (Accord multilatéral sur l’investissement). Laurent se penche sur la table, s’agite un peu et lance : « Bien sûr, le Web était une des armes essentielles dans ce combat. Mais la question ne s’est même pas posée. C’était une évidence : ATTAC est née avec Internet. » Très vite, le succès gonfle les troupes. La résistance s’organise et la lutte devient mondiale.
« Toute la question était de savoir comment maintenir la dynamique conviviale et participative des débuts. Grandir sans perdre l’esprit originel. » Les fondateurs d’ATTAC rêvent de démocratie et d’une hiérarchie réduite au minimum. Et cauchemardent à l’idée de devenir un bureau national décidant seul pour ses 25 000 adhérents. Pas de risques : des groupes locaux, montés un peu partout en France, décentralisent le mouvement. Avec pages web et réseaux d’information spécifiques. « Ce n’était pas un plan prévu et pensé : ATTAC nationale a été mise devant le fait accompli », explique Laurent.
À l’étranger aussi, l’organisation a fait des petits. Et les manifestations internationales type Seattle s’organisent via le Net. En amont, l’information circule, les questions fusent sur les listes de diffusion : le débat se prépare. En aval, compte-rendus et commentaires sont mis en ligne. Laurent tient à tempérer tout de suite : « Internet n’est pas l’essence même de l’association, c’est simplement un outil. » Mais un outil essentiel parfois. Des milliers de documents de tous les coins du monde sont traduits par une armada d’adhérents : impossible de les publier sur papier. Plus marquant encore : à Davos, ATTAC a organisé sa première cyber-manifestation. « Nous avions installé un écran géant. Nos militants se sont connectés à l’heure dite pour envoyer slogans et réactions. » Trois cents personnes ont brandi leurs pancartes virtuelles. Pas mal... Mais pas encore de quoi effrayer l’élite financière. Les bonnes vieilles manifestations de rue ont parfois du bon.
La
double vie de Sébastien Canevet
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Professeur
de droit à Poitiers, il est aussi lun des juristes du milieu
alternatif français.
Sébastien Canevet a deux visages. Côté pile : un grand
bonhomme toujours tiré à quatre épingles, fan absolu
de Sherlock Holmes, prof de droit des nouvelles technologies à Poitiers
et expert auprès du ministère des Affaires étrangères.
Côté face (la plus drôle) : une sorte dado rigolard,
dingue de contrepèteries, bidouilleur à ses heures, amoureux
de liberté, ami et conseiller du milieu alternatif français.
Les grands potes de Canevet ont pour nom Arno (luZine 2), Valentin
Lacambre ou encore Laurent Chemla (l...cole ouverte de lInternet)
Avec eux, il secoue le Réseau, milite pour un Web anti-commercial
et se bat contre les lois qui restreignent la liberté des internautes.
Sur son site dinfos juridiques, il assure aussi, depuis 1998, une
médiation entre les entreprises et les particuliers. Pour la rentrée,
Canevet peaufine, avec Lacambre, le projet Ethernam : un service gratuit
de protection des uvres Internet. Il prépare également
un fil dinformations juridiques gratuit et donnera un coup de main
aux coopératives dhébergement qui veulent prendre la
suite dAltern. Qui a dit que le milieu juridique était conservateur
? www.canevet.com (D.T.) |