À 37 ans, ce réalisateur belge signe son premier long-métrage. Thomas est amoureux raconte l’histoire d’un type rivé en permanence à son écran de visiophone. Le film, qui intègre vidéo et images de synthèse, a été sélectionné
à la Mostra de Venise, dans la catégorie Cinéma du temps présent
Quel est le sujet de votre premier film Thomas est amoureux ?
C’est un défi un peu fou : raconter l’histoire d’un agoraphobe qui n’a pas bougé de chez lui depuis huit ans. Un type qui ne communique qu’à l’aide d’un visiophone. Lorsque Philippe Blasband a écrit le scénario, il y a quatre ans, Internet n’avait pas l’impact qu’il a aujourd’hui. La technologie a rattrapé l’idée originale du film... La narration repose sur des échanges visiophoniques avec le héros. Sur l’écran défilent son psy, son banquier et pas mal de filles. Toujours selon le point de vue de Thomas, dont on ne voit jamais le visage. Il s’agissait d’installer le spectateur dans un univers conforme à l’histoire. Les acteurs ont d’ailleurs joué en visiophonie réelle : ils se trouvaient sur deux plateaux différents devant un écran vidéo, qui diffusait l’image et la voix de leur partenaire. C’était pour moi une manière unique de diriger des acteurs...
Le film s’ouvre sur une séquence de cybersexe en images de synthèse réalisée par les Français de la société Sparx...
Cette séquence permet au spectateur de s’immerger d’emblée dans l’univers de Thomas. Les deux séquences d’images numériques s’intègrent bien dans l’ensemble du film. En fait, nous avons adapté la texture des images vidéo aux différentes scènes. Et les images de synthèse concourent à cette variété.
Le film est-il une dénonciation des relations dans le cybermonde ?
C’est plutôt une réflexion sur le rapport aux autres. Dans une scène, Thomas souhaite se rapprocher d’une personne. Machinalement, il effectue un zoom. Mais l’image devient floue. Selon moi, Internet amplifie une tendance individualiste et égocentrique qui existe en dehors de la Toile. Mais je ne crois pas au développement des relations visiophoniques. Excepté pour les professionnels. Car personne n’a envie d’être vu au saut du lit...