Le géant des fournisseurs d’accès prévient les analystes que ses prochains résultats trimestriels seront décevants, à cause de la crise publicitaire provoquée par les attentats du 11 septembre.
C’est la faute aux terroristes. À cause, affirme l’entreprise, de ceux qui se sont attaqué aux tours du World Trade Center, AOL Time Warner vient de lancer un profit warning pour revoir à la baisse les prochains résultats trimestriels. L’augmentation des revenus n’atteindra vraisemblablement pas les 10,5 % initialement prévus, mais sera de 5 à 7 %. Quant à l’EBITDA (résultat d’exploitation avant amortissements), elle n’augmentera pas de 31 %, mais de 20 %. "Avant le 11 septembre, le groupe n’a pas vu d’amélioration dans l’environnement publicitaire général, constate AOL. À cause des événements du 11 septembre, cet environnement s’est encore détérioré. L’état du marché de la publicité mine les réseaux de l’entreprise, America Online, l’édition et les opérations câble."
Gâchis humain
Selon le New York Times, 24 % des revenus d’AOL reposent sur les annonceurs. Même si c’est peu par rapport à la plupart des net-entreprises comme Yahoo !, la dépendance est encore trop importante. De plus, les attentats ont provoqué de nouvelles dépenses, inhabituelles pour les médias appartenant au groupe, telles que des reportages en Afghanistan. Toutefois ces surcoûts sont peu de choses en comparaison de la catastrophe de la pub. Les plans sociaux successifs d’AOL depuis sa fusion avec Time Warner, charrettes qui visaient à tenir les objectifs financiers, n’auront été qu’un gâchis humain. Reste qu’AOL jouit d’une relative bonne santé financière, en comparaison de la plupart des valeurs technologiques, qui dépendent plus encore de la pub. Chez Yahoo ! France, on explique qu’il est encore trop tôt pour dire si le marché français va subir le contrecoup publicitaire : "On n’a pas eu d’annulation de campagne en France." Le groupe de communication Vivendi, qui annonçait ses résultats aujourd’hui (non publiés sur le site corporate une heure après la conférence), s’est, quant à lui, contenté d’une pirouette peu reluisante : selon l’attaché de presse Alain Delrieu, "on ne peut pas répondre". Les comptes de Vivendi seraient-ils si bien tenus qu’on ignore l’impact d’un krach publicitaire sur les ventes ? Ou bien Vivendi est-il si mal en point qu’il se tait ?